Manifeste lvl2 : théorie rôliste, auteurisme et leurs limites

Cet article est le second d’une série d’articles un peu théoriques et engagés sur des thématiques d’actualité rôliste qui me sont chères. N’hésitez pas à aller consulter le premier qui contient quelques utiles et clefs de compréhension.

Ci-dessous, je vous parle de la rôliste française avec un regard extérieur et subjectif et puis des bons et sombres côtés d’un phénomène du moment que j’appelle arbitrairement l’. Comme pour le premier article : si vous êtes allergiques à la réflexion ou aux prises de tête, inutile de flinguer votre tube de Valium, vous pouvez passer votre tour dès à présent.

VI – Théorie wants YOU !

Nous le savons : les participants à une partie de jdr ont tous le même objectif, ils souhaitent passer un bon moment.

Entre cette envie et sa satisfaction, il y a quand même du chemin à parcourir.

Comment faire pour qu’une partie de jdr procure du plaisir de jeu et comment maximiser ce plaisir ? Voilà une énigme à laquelle on donne beaucoup de réponse, et souvent sans se poser les bonnes questions.

Sur la question du chemin vers le plaisir de jeu, on lit et entends de tout : « la partie est bonne quand on s’amuse » (une petite tautologie que j’adore, mais qui ne renseigne pas), « Pour que la partie soit bonne il faut jouer avec des gens qu’on connaît », « il faut un bon scénario », « il faut des joueurs rôleplay », « il faut un bon système de jeu » etc.

Toutes ces explications sont empiriques, basées sur le point de vue et le bout de réflexion de chaque rôliste. Ces explications sont aussi très diversifiées, quelques fois ultra pertinentes, souvent parcellaires, parfois biaisées.

Ce que cette observation révèle est plutôt normal et très humain : lorsqu’on joue à un jdr et que cette pratique nous donne satisfaction, on ne « perd » pas de temps à s’intéresser à la théorie. Pourquoi polémiquer sur la théorie ? Après tout, « Râlez moins, jouez plus » ! Non ?

Faire un tour du côté de la théorie n’est effectivement pas nécessaire pour les rôlistes pris individuellement, mais en tant que communauté, les rôlistes gagneraient à consacrer un peu plus d’énergie à aux sujets théoriques.

Oui : l’étude de la théorie permet de dégager des modèles qui permettent d’identifier et résoudre des problèmes. Des plus petits et spécifiques (« Les personnages ont-ils reçu un nombre adapté de points d’expérience à cette séance ? ») jusqu’aux plus philosophiques et abstraits (« Pratique du jdr et intégration »). La théorie permet également de mieux comprendre nos propres pratiques, cette compréhension est souvent nécessaire pour évoluer.e

VII – La french théorie

Les études théoriques sur le jdr existent bien, elles se construisent, s’éprouvent et se développent. Je vous invite les découvrir si le coeur vous en dit. Passez par exemple sur le forum Silentdrift, dans les méandres du forum Casus No, lisez les traductions diffusées par Places to Go, People to Be, passez sur Limbic Systems, écoutez les podcasts HS du blog de la cellule, frotez vous à The Forge, ne vous arrêtez pas là, le milieu francophone, même s’il est restreint en sources, reste, à son échelle, plutôt prolifique et très qualitatif.

De notre côté de l’Atlantique, je perçois – et je peux me tromper – le milieu de la réflexion théorique actuelle de la manière suivante :

– Sans y être allergique, les sujets théoriques ne passionnent pas le rôliste-internaute francophone moyen (20% des sondés du sondage 2010 de Mystery machine déclarent lire le contenu de sites Internet. Puisque les sites abordant la théorie sont très peu représentés sur le web, je vous laisse estimer le nombre de rôlistes concernés en fin de compte. Je pense qu’on peut parler de quelques centaines en France) – je ne parle pas pour les rôlistes qui ne fréquentent pas le web, faute de point d’observation représentatif -.

– Les rôlistes francophones qui abordent, animent et font avancer les débats sur la théorie (pas les simples lecteurs) semblent, – et je peu encore me tromper – peu nombreux (à la louche une grosse centaine de personnes). Enfin, il semble qu’une partie significative des rôlistes qui font avancer les débats sur la théorie soient également auteurs de jdr, et parmi eux peu de professionnels, surtout des indépendants.

C’est indiscutable, cet intérêt des auteurs indépendants pour la théorie est une promesse de qualité qui se vérifie dans leurs publications. On ne peut que saluer leur investissement et leurs efforts sur ce plan.

VIII – La fille était pourtant jolie…

Vous vous en doutez, il y a bien sur un « Mais » dans mes propos : au fil de mes observations et de mes découvertes je ne peux réprimer le sentiment qu’un petit grain de sable vient gripper un ou deux rouages du contexte de travail des théoriciens francophones.

Je m’explique :
en abordant la théorie, j’ai commencé avec les traductions des articles de « The Forge » sur PTGPTB. Ces articles sur les travaux du groupe anglophone sont indéniablement intéressants pour ce qu’ils sont : des comptes rendus sur des et des modélisations théoriques en cours d’élaboration. Leur découverte m’a ouvert beaucoup de perspectives et m’a motivé à prendre un peu de recul par rapport à ma pratique et à ma vision des choses.

Je me suis ensuite tourné vers une partie des travaux et développements théoriques originaux de la communauté française et j’y ai retrouvé une grande qualité, de la matière à réfléchir et à conceptualiser. Ma découverte est toujours en cours et je suis loin d’en avoir fait le tour, tant la communauté est prolifique et les discussions intéressantes.

Toutefois, au fil de mes lectures, je n’ai pas pu m’empêcher de sentir quelques petites dissonances entre d’une part les théories écrites et d’autre part mes observations des pratiques de jdr sur le terrain. Il n’y avait pas grand chose, mais assez pour m’intriguer.

Sans rentrer dans le détail, j’ai alors dressé une liste mentale de ce qui me chatouillait à la lecture/audition. Avec cette liste, j’ai d’abord essayé de déterminer ce qui pouvait clocher dans ma propre pratique ou dans mon approche et j’ai effectivement trouvé des éléments de réponse personnelle. Ceci réglé, il restait toujours un peu de sable, un peu de poil à gratter intellectuel qui nécessitait des éclaircissements. En gros, je ne m’explique pas pourquoi la majorité des théories n’aborde quasiment jamais les aspects émotionnels et humains en jdr. Pourquoi ?

Après réflexion, et au risque de déclencher des catapultages de vaches, j’ai l’impression d’avoir trouvé une explication qui se tient : les réflexions sur la théorie sont largement animées par un milieu homogène.

Souvenez-vous, les théoriciens sont dans les faits, souvent des auteurs de jdr. En tant que tels, ils partagent souvent les mêmes interrogations, attentes, centres d’intérêts, points d’observations et problématiques.

Il en est manifestement de même pour les sujets d’intérêts théoriques qui les motivent : Ces sujets sont souvent en rapport exclusif avec le système (qui fait partie du cadre de l’Exploration dans la modélisation de Ron Edwards) , rarement en rapport avec l’Humain (Contrat social selon Ron).

Le constat n’est pas hostile, il faut faire des choix de développement. Simplement l’aridité des théories rôlistes consacrées à l’Humain facilite, à mon sens le développement de modèles et de systèmes de jeu qui méconnaissent ou sous-exploitent certains fondements du plaisir de jeu (en l’occurence les ).

Demandez aux sociologues : l’homogénéité de profils n’est pas propice à la détection des défauts dans les théories. J’ai effectivement l’impression que certaines approches élaborées par la communauté française sont défaillantes. Elles sont intellectuellement lisse et mécaniquement bien boulonnées, mais le jdr c’est un peu plus proche de la biologie que des maths et de la mécanique, vous ne pensez pas ?

Je pense que la défaillance réside non dans les développements, mais plutôt dans les postulats de base des théoriciens, qui omettent que les implications humaines doivent être appréhendées et prises en compte à chaque étape de l’Exploration. Tout particulièrement lorsqu’on aborde le Système ou la Couleur. (toujours dans la modélisation de Ron Edwards).

A l’inverse, on peut trouver des initiatives plus « humanisées ». C’est dans une certaine mesure ce que semble proposer le jdr SENS avec son pari ambitieux des « points d’immersion (p.21 et suiv) ». Sans apprécier la pertinence du mécanisme, cet aspect spécifique du système de « Sens » traduit une réelle considération de l’Humain dans l’élaboration d’un jdr.

Si comme je le redoute, il y a bien des défaillances dans leurs démarches, je ne pense pas que les théoriciens en soient directement blâmables, je pense que tout le problème vient du manque d’observateurs « extérieurs » capables, avec leur vision détachée du milieu et de ses codes, de montrer du doigt ce qu’ils estiment être des défauts (ce qui permettrait une confrontation de point de vue et une synthèse).

VIII – … ask what you can do for your hobby

Si mon hypothèse est la bonne, il n’y a pas dix choses à faire pour améliorer les choses : vous qui n’êtes pas versé dans la théorie et qui n’êtes pas auteur de jdr (Simple Mj, joueur, sociologue, artiste, psychologue, statisticien etc.), retroussez vos manches et allez-vous servir une bonne part de théorie rôliste, juste histoire de voir si le goût ne vous plairait pas. Si c’est le cas n’hésitez plus : allez aider les théoriciens en tant qu’observateurs, en tant que dénicheurs de grain de sable dans l’engrenage ou sniper d’incohérence humaine. Venez m’aider, tout seul je n’y arriverai pas : la remise en cause de pans de théorie est très ardue, elle se heurte a de nombreux obstacles que seul le nombre peut dépasser.

Comme la remise en cause peut impliquer des reconstructions partielles qui prennent du temps et font osciller la structure, les théoriciens, et c’est naturel, auraient plutôt envie d’y échapper (Non, pas problème avec générateur 5, nous travailler là bas depuis 10 ans). Mais on a tous envie d’aller dans le même sens ! En intervenant maintenant, on pourra fortifier les théories de demain qui auront été éprouvées par les éléments comme l’épée du père de Conan par la neige et le marteau. Qui sait, peut être qu’un jour, il ressortira de ces travaux quelque chose d’énorme qui dépassera le simple cadre de notre hobby ?

Les éléments perturbateurs agacent toujours au début parce qu’ils soufflent sur les éléments « faibles » de la construction au risque de tout faire tomber, croyez moi, ils sont toujours remerciés à la fin parce qu’il nous ont évité la tragédie d’un écroulement d’édifice à plusieurs étages !

Du côté des théoriciens, difficile d’attendre quelque chose, ils ont fait le pari courageux d’avancer en groupe en terrain inconnu et n’espèrent peut-être plus d’assistance extérieure. Il faut les rejoindre !

X – L’auteurisme et ses limites

Je vous invite maintenant à observer le paysage de la communication web autour du jdr. Nous avons tous remarqué avec plaisir que les auteurs de jdr (pro comme indi) étaient de plus en plus nombreux et actifs par rapport au début du siècle (le XXIème). Je pense pouvoir dire que cette recrudescence d’auteur et des oeuvres qu’ils proposent nous enthousiasme tous.

Replaçons nous dans le contexte :

fin 90’s – début des années 2000 : période de vache maigre du jdr. En France, les auteurs sont très concentrés et surtout des éditeurs professionnels (peu d’auteurs/éditeurs indépendants). A cette époque, les lieux d’influence où l’on parle du jdr et de sa théorie sont majoritairement animés par des rôlistes qui n’ont pas participé à la création de jdr. On y parle fréquemment de théories assez « humaines » et d’un aspect complémentaire à la théorie : la transmission du savoir-faire rôliste (on apprend aux newbs nos trucs pour amener les choses, interpréter les personnages, créer l’atmosphère, résoudre des problèmes de MJ, de joueurs etc.).

Fin de la première décénie 2000 : renaissance du jdr, que j’attribue avec gratitude et en grande partie à l’investissement des auteurs de jdr amateurs et/ou indépendants.

Les lieux d’influence où l’on parle du jdr sont maintenant animés par les auteurs eux-même.

Les auteurs-éditeurs pro ont enfin assimilé l’existence du métier de community manager et des outils de communication. Ils proposent à leurs clientèle/fans de venir discuter de leur production favorite sur LE forum officiel et/ou LA page facebook dédiée à leur jeu préféré.

Les auteurs indépendants rameutent leurs fans autour de leur blog et les tiennent au courant des news via réseaux sociaux.

Pro et indi viennent également présenter et parler de leurs productions dans des lieux d’expression plus neutres (forums non officiels ou non dédiés).

Qu’en ressort-il ?

Du cool :

Le jdr est vivant, les productions des auteurs sont variées, qualitativement bonnes et en plus régulières ! Toute cette création stimule nos imaginaires de rôlistes et on en redemande.

Sur le Web, tous ces auteurs adressent des communications centrées sur leur propres productions. Ces communications se retrouvent dans chaque lieu et médium d’expression fréquenté par les rôlistes. Grâce aux flux, aux forums, à la vidéo, aux podcasts et aux Webradio on peut se tenir au plus près de l' »info parution » (quel nouveaux jdr va être publié, dans quelle convention de jdr il sera en démo etc.)

Chouette ! On peut se tenir informé de ce qui sort, des projets, voir participer à ce qui nous plaît, râler sur les illustrations de jeu qui ne nous plaisent pas, proposer des illustrations de couvertures pas top dans le but de provoquer un buzz autours d’une parution etc. Bref, tout le monde s’amuse, on se met une vieille mine de bonheur ludique.

Seulement il y a les lendemains de fête, ces moments où l’on s’aperçoit que hier soir, Kevin n’as pas coupé l’arrivée d’eau de la baignoire après y avoir improvisé un remake hilarant de Las-Vegas Parano sur White Rabbit… C’est là où je pose la question : comme tout phénomène de croissance, la multiplication des auteurs de jdr ne génèrerait-elle pas d’effets secondaires, voir des effets pervers (comprendre « contre-productifs« ) ?

De l’uncool :

D’un autre côté je trouve que cette occupation forte de l’espace web par les auteurs de jdr génère des effets pervers :

1 – Un effet secondaire : L’omniprésence de la news « Devine ce qui va sortir ?!« .

Oui, vous n’avez qu’à faire un test : prenez une source d’information mainstream sur le jdr (portail généraliste, page facebook, forum populaire, webtv ou webradio) et observez le nombre d’informations dédiés aux prochaines parutions de jdr ou de suppléments qu’ils-sont-cool.

Rajoutez-y les écho informationnels qui sont générés (répétition de la nouvelle par Tweets, billets facebook, articles croisés de blog à blog etc.).

Comptez maintenant le nombre de référence de votre source Mainstream qui sont dédiées à du « palpable » (aides de jeu, scénario, référence d’inspiration, articles de fond, illustrations, liens utiles, etc.).

Faites un ratio, vous voyez de quoi je parle ?

Sur Internet, il devient de plus en plus dur de remarquer/dénicher une information qui n’est pas dédié à une parution de jdr ou à un évènement associé. Ce n’est pas encore la jungle, mais je vois déjà des lianes pousser tout doucement.

Faute de consacrer autant d’énergie à communiquer que les auteurs sur leurs produits, les travaux et réflexions des rôlistes non-auteurs ne ressortent plus de la masse d’information avec la même visibilité qu’il y a dix ans.

Pourtant, les communication des « simples rôlistes » sont également des mines d’inspiration et de découverte. Passez sur Trouvez Objet Caché ou sur la Scénariothèque et observez ce qui sort ! Du palpable sculpté au détail près, du brut de jeu, de l’inspiration.

Dommage que les médiums de communication récents (portails de syndication Rss, facebook, tweeter etc.) ne soient pas – pour le moment – exploités par ces acteurs, mais j’ai envie de lutter pour qu’on conserve à ces monuments le mérite impérissable auquel ils ont le droit. Pas vous ?

Les points de vue et les approches de ces acteurs « moindre communiquant » ont pourtant indéniablement des choses à apporter au paysage rôliste, un brin de variété, un soupçon d’alternatif, une vision compatible mais enrichissante.

Sortons un peu des routes éditoriales « création-parution-promotion », passons accordons un peu de temps et de visibilité aux pépites qui se cachent à deux clics de souris (ex : le prolifiquement génial Studio GOBZ’Ink, l’alternatif Dramaturgie et scénario, les comptes rendus de la boîte à heuhh, les Théories de Bran sur « Tartofrez« , le documenté « Soldats de Dieu«  (qui a trépassé depuis la date de rédaction de l’article), les discussions passionnées impossibles à retrouver sur Casus No. Il y en a des centaines d’autres, (re)découvrez-les, faites leur la pub qu’il méritent ! Proposez des liens sur vos blogs, on a perdu cette habitude ou bien on l’exerce sur des plateformes qui les condamnent à l’enfouissement et la disparition (Facebook).

Vous aurez peut-être remarqué qu’au sein des exemples que je viens de citer, plusieurs sont également auteurs de jdr. Précisément ! Mais saviez-vous à quel point ces acteurs s’étaient consacrés, parallèlement de la promotion de leurs jdr à des sujets « palpables » ?

Personnellement, je ne soupçonnais pas la taille de la forêt derrière l’arbre. On fait souvent un tel raffut et un tel écho autour des publications de jdr, que les autres articles en passent du coup inaperçus.

J’en profite pour soumettre une réflexion à la team et au public de rôliste tv : où est passé votre projet génial de télévision pour les rôlistes ? Aujourd’hui lorsque je passe zieuter vos dernières vidéos, je ne vois presque plus qu’une télévision sur les parutions de jdr et les éditeurs. N’avez-vous pas quelque part une responsabilité par rapport au reste de la communauté rôliste ?

2 – L’occupation forte de l’espace web par les auteurs de jdr génère aussi un effet pervers : l’influence du point de vue « auteur de jdr« . Je baisse encore la tête; le petit bois va valser !

Conséquence logique de l’occupation de l’espace par les auteurs de jdr : ces derniers se croisent sur le web.

Ils doivent faire face aux mêmes problématiques, aux mêmes challenge, parfois de l’argent est en jeu. Comme ils communiquent beaucoup, leurs news sont très présentes sur les canaux institutionnels du web rôliste.

Peu à peu et sans que ce soit d’aucune manière recherché, leur manière de présenter et d’analyser les choses devient courante, puis habituelle et peu à peu orthodoxe et c’est là que naît l’effet pervers.

Beaucoup de communications sur le web rôliste francophone en 2011 sont déjà orientées « auteur de jdr ». Le phénomène n’est pas dramatique, mais il gagnerait à passer par une petite auto-observation/auto-critique pour que l’expression des idées et en particulier celles des non-auteurs de jdr soit un peu plus visible et surtout qu’elle ne soit pas estimée sur une grille de lecture d’auteur.

Si vous avez tenu jusqu’à ce point de la lecture, vous méritez bien une petite pause…

J’arrête ici cette seconde partie et vous invites à découvrir la suite de mes plantations mentales au même endroit d’ici quelques jours…

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(9 commentaires)

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    • Fred (Limbic Systems) on 26 avril 2011 at 19 h 31 min

    Bon, avant de dire que je commence à être lassé, je vais essayer de te donner un exemple encore plus précis, simplification d’une expérience vécue :

    – Un MJ fait suivre son scénario aux joueurs, ceux-ci peuvent faire des actions à leur, mais le gros de l’histoire est prévu avant la partie.
    – Un joueur décide de faire entrer son PJ dans une maison alors que tous les joueurs (lui compris) se doutent qu’il y a un danger dans ladite maison.
    – Un autre lui dit : Hé, attend, tu ne vas pas entrer comme ça dans la maison, on devrait aller chercher des armes et tout pour se préparer !
    – L’autre lui répond : ben non, mon personnage n’est pas censé savoir qu’il y a un danger dans la maison donc j’y vais !

    J’ai déjà vu ce genre de situations dégénérer très facilement.
    Solutions :
    – Si les joueurs ont un vrai impact sur l’histoire (c’est à dire que l’histoire évolue en fonction de leurs choix), ils pourront placer eux-même une partie de leurs attentes dans le jeu.
    – Si le système est transparent, ils ne se sentiront pas manipulés par le MJ, il n’y a donc aucune raison pour que les joueurs se sentent menacés par des pièges.
    – Pour que les joueurs aient un vrai impact sur l’histoire, ce n’est pas simple (voir les liens au début de ton article).
    – Si le système est transparent, le MJ ne pourra pas dicter sa loi.
    – Si l’histoire s’écrit avec les actes des PJ, le MJ n’aura pas de raison de piéger les joueurs, ni d’exiger d’eux qu’ils se conforment à son plan ou à sa vision du jeu.
    – Si les joueurs ont une responsabilité dans l’évolution de l’histoire, ils ne sont plus dans un rapport de force avec le MJ.
    – Ils sont responsabilisés par ce qui arrive en jeu.
    – Ils deviennent tout autant que le MJ, juges de ce qui est ou n’est pas cohérent avec l’univers du jeu.
    – Pour des techniques pour se mettre d’accord sur la cohérence du jeu pendant et avant la partie, voir les liens au début de ton article.

    Quand tout ça est réglé, le reste roule tout seul.

    Le reste n’est pas une question de jeu de rôle et pour régler les problèmes que tu évoques :
    « Expliquez-moi comment le système nous fait réaliser qu’on s’est fait chier comme un rat à une partie de jdr parce que le MJ vous avait dans le collimateur ?
    Expliquez-moi comment le système nous fait prendre conscience qu’un participant à une table de jeu n’est pas désiré par le reste du groupe ?
    Expliquez-moi comment le système nous renseigne sur la manière d’aborder un scénario en Afrique du Sud de l’apartheid avec des joueurs d’origine Ivoirienne à table ? etc. »
    Je te conseille plutôt de lire de la psychologie récente, sociale et clinique, des bouquins d’Analyse Transactionnelle (par exemple celui-là : http://www.amazon.fr/Manuel-danalyse-transactionnelle-Ian-Stewart/dp/2100051997 attention, il y a des déchets dans ce domaine) ou d’interagir avec des spécialistes du domaine, ici, par exemple, les gens sont plutôt sympa :
    http://www.psychologie-sociale.org/forum/
    Et l’un des fondateurs est rôliste. 🙂

    La question de l’émotion à mon avis est une fausse priorité, l’émotion est le résultat d’une bonne dynamique sociale, d’un bon système et d’un contenu fictionnel en phase avec les envies des joueurs (ce qui généralement n’est pas le plus compliqué à discuter). L’émotion appartient au joueur (comme au spectateur ou au lecteur), on ne peut que la solliciter et elle se combine étroitement à son appréciation intellectuelle et sentimentale (Ce livre traite de la question : http://www.amazon.fr/Leffet-personnage-dans-roman-Vincent-Jouve/dp/2130442706).

    Et bien sûr, on est tout à fait ouverts aux discussions sur ces sujets, pour ma part, j’ai plusieurs lectures de ce type en cours et je compte bien les développer sur mon blog et sur Silentdrift à l’occasion. 😉

    • Fred (Limbic Systems) on 25 avril 2011 at 13 h 51 min

    Hum, je pense que mon dernier message est parti dans les spams, puisque j’y avais collecté pas mal de liens…

    1. Oui, il avait été mis au coin par mon filtre un peu tatillon, le voici activé.

      Je suis en train de lire les articles auxquels tu fais référence. J’avais déjà repéré l’article sur la Synesthésie de Limbic Systems qui me semble une crème en la matière. Pour le reste et à mon stade de lecture, je reste un peu dubitatif : Certes, ces articles font référence à l’humain et plus rarement aux émotions des participants (encore que dans un certain nombre la référence est de l’ordre de l’anecdote). Mais faire référence à l’humain, ça n’implique pas nécessairement chercher à comprendre l’humain. En l’occurrence, les thèmes mettent souvent le doigt sur des problématiques humaines ultra intéressantes, mais sans les approfondir.

      A mon sens on reste dans un schéma où le rédacteur écrit un article sur un point « système » qui lui semble important et évoque l’humain comme simple révélateur d’un problème « système » ou d’une réponse « système » afin d’en souligner l’importance.

      Osons une comparaison : Je souhaite parler de la fonction SOMME du logiciel Excel. Alors je commence par parler de la secrétaire des années 80 qui se fait engueuler par son patron et déprime (problème humain), puis de la difficulté de faire des additions à 75 termes sur papier (perfectibilité du système) et je termine par présenter la fameuse fonction SOMME qui répond parfaitement au problème des additions (Tadaaaa, réponse système).
      Super, mais si le problème venait de son boss ? De l’assistante jalouse qui falsifie les calculs ? Des attentes professionnelles de la secrétaire qui rêve de devenir dresseuse de lions mais reste parce que son patron lui rabâche à longueur de journée qu’ailleurs c’est moins bien ? Notre pauvre secrétaire, à force de ne pas ouvrir les yeux sur les interactions humaines autour d’elle et de galvaniser sa foi dans les solutions promises par le système, elle ne va pas être super aidée…)

      Un exemple tiré des articles cités avec la comparaison Koh-Lanta dans l’article GNS = outil : on veut parler des possibilités offertes par le système pour harmoniser la démarche des participants alors on décrit une situation humaine (la tension entre participants), puis on lui attribue une origine humaine (différence d’attentes) mais ensuite on ne présente que des déductions en terme de système, comme si c’était LA seule solution orthodoxe. Ca me gène. le système a lui aussi ses limites.

      C’est chouette sur le papier, mais sans une approche empathique humaine préalable, comment s’apercevoir qu’il existe une tension entre les participants ? Comment attribuer avec pertinence cette tension à des facteurs ? Comment découvrir les attentes de jeu des joueurs ? Comment réaliser que le problème ne vient peut être pas du tout du jeu ? (problème de discrimination entre humains, de concurrence hors jeu). Je n’attends pas que la théorie fasse de nous des psychologues de groupe ou des psychanalystes, mais qu’elle nous fasse au moins réaliser que le couche humaine est à la fois omniprésente au niveau système et qu’il existe dans la pratique du jdr des problématique humaines totalement indépendantes du système (et sur lesquelles le système est inefficace).

      C’est bien tout le problème, les théories évoquées (à ce stade de ma lecture) semblent avoir un potentiel curatif tellement haut que j’ai envie de les présumer capables de régler même les problèmes qui les dépassent.
      Expliquez-moi comment le système nous fait réaliser qu’on s’est fait chier comme un rat à une partie de jdr parce que le MJ vous avait dans le collimateur ?
      Expliquez-moi comment le système nous fait prendre conscience qu’un participant à une table de jeu n’est pas désiré par le reste du groupe ?
      Expliquez-moi comment le système nous renseigne sur la manière d’aborder un scénario en Afrique du Sud de l’apartheid avec des joueurs d’origine Ivoirienne à table ? etc.

      Les solutions système sont efficaces, mais efficaces pour ce qu’elles sont : c’est à dire pour créer ou perfectionner un système.
      Les solutions système sont efficaces, mais efficaces pour leurs destinataires : c’est à dire pour pour les meneurs de jeu ou les auteurs. Les joueurs ont également leurs propres problèmes qui ne sont souvent qu’effleurés par le système.
      Même si elles observent l’humain, ces solutions le font comme un élu local qui arrive sur une scène de crime : toujours d’un poil trop loin et un temps trop tard. L’élu constate, explique avec ses références mais sans rentrer forcément dans l’analyse des considérations humaines qui ont précédé et expliquent directement le crime.

      Toujours dans la comparaison, recruter des criminologues, faire des statistiques sur la criminalité, ouvrir des centre de prévention de la délinquance c’est primordial, et ça produit des effets indirectes et à long terme sur la criminalité, mais en attendant l’époque où le système sera si efficace qu’il aura gommé la violence de notre société, il n’aidera personne à gérer un malade agressif qui vous menacera d’un couteau à la sortie d’un bus, pour cela il y a des méthodes plus humaines qui restent totalement compatibles avec les méthodes « système ».

    • Fred (Limbic Systems) on 25 avril 2011 at 13 h 49 min

    Les théories de The Forge que certains membres de Silentdrift utilisent beaucoup s’adressent avant tout aux rôlistes. Il se trouve que les auteurs de jeux présents sur ces forums en font une utilisation importante et que par leurs jeux ils ont une visibilité plus importante. Ils ont aussi un débit de discussion plus important.

    Enfin, le travail que nous menons se porte bien évidemment sur l’humain, comme tu peux le vérifier dans ces différents liens :

    http://froudounich.free.fr/?p=956
    http://froudounich.free.fr/?p=926
    http://froudounich.free.fr/?p=533
    http://froudounich.free.fr/?p=526
    http://froudounich.free.fr/?p=114
    http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=1944
    http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=2408
    http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=2143
    http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=2143
    http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=2012

    Et ce n’est qu’un aperçu.

    • Fred (Limbic Systems) on 25 avril 2011 at 1 h 17 min

    Hmmm, j’ajouterai que sur The Forge et Silentdrift, et PTGPTB, il n’y a vraiment pas que des auteurs. Bien sûr, ces derniers sont les plus gros contributeurs, mais ils ne sont pas les seuls.

    Les auteurs partagent des expériences de jeu presque exhaustives (via leurs jeux), les MJ qui ne sont pas auteurs tendent à ne pouvoir partager que des réflexions en dehors de leurs parties.

    (Haha, je viens de voir que tu es le Steve avec lequel j’ai déjà eu discussion sur le sujet, tant mieux, ça nous permet de poursuivre). 😉
    D’ailleurs, n’hésite pas à ouvrir un sujet sur Silentdrift pour nous parler de ta pratique, on en est vraiment friands.

    1. J’ajouterai que sur The Forge et Silentdrift, et PTGPTB, il n’y a vraiment pas que des auteurs. Bien sûr, ces derniers sont les plus gros contributeurs, mais ils ne sont pas les seuls.

      Oui, votre ouverture d’esprit est propice au brassage d’utilisateurs : je constate que les auteurs ne sont pas seuls à faire leurs comptes-rendus. Il me semble tout de même que les modèles et les applications théoriques sont majoritairement dégagés par des auteurs, non ?
      Dans tous les cas l’initiative reste géniale (et selon moi perfectible par un petit approfondissement, élargissement de la perspective à l’humain et à l’émotionnel).

      Si je n’ai pas apporté le débat directement sur Silentdrift, c’est par choix : en proposant ma perspective sur le blog de Fabien, le retour que j’ai eu soufflait le chaud et le froid :
      – d’un côté très ouvert et progressiste (je vous le résume avec mes mots et ma sensibilité) : Steve, tu n’as peut-être pas bien compris ce dont on parlait, de toute manière nos théories « système », même sans s’intéresser directement à l’Humain semblent déjà très compatibles avec cet aspect. Viens présenter tes arguments sur Silentdrift, ils nous intéressent.
      – d’un autre côté un peu contraignant : la perspective de Silentdrift EST le système, ses habitués partagent ce choix de posture.
      – d’un dernier côté, de manière plus diffuse, une opposition : L’approche par le système est la plus efficace, vu qu’on bosse dessus depuis des années, tu dois te tromper d’une manière ou d’une autre.

      J’ai aussi ressenti une sorte de « tension devant la porte d’entrée », une tournure qui disait à mes oreilles : Nos travaux sont sérieux et emprunt d’une certaine gravité (je peux m’expliquer en PM sur la gravité): nous examineront tes arguments sur les émotions avec justesse et méthodes. Et là ça collait moins : il n’aurait pas été pertinent de présenter mon point de vue encore embryonnaire à un auditoire qui avait fait le choix antérieur de ne pas s’y intéresser. Un peu comme présenter un concept de chaussures de sport à Louis Vuitton avant d’avoir développé un prototype. Qui plus est, il est délicat d’étudier et de comprendre des arguments sur l’émotion lorsqu’on est habitué à une démarche où le cérébral est prégnant : différence d’organe. On peut certes intellectualiser des concepts liés aux émotions, mais il est indispensable, en amont, de roder son potentiel « trippes-coeur » pour bien s’accorder sur le sujet. Les émotions, ce n’est pas que du concept, c’est du ressenti dans toute sa brutalité.

      Enfin, une chose me gène avec Silentdrift, c’est qu’il s’affiche comme un lieu d’échange pour les auteurs, pas pour le grand public (même s’il réserve un accueil bieinveillant à tout le monde et écoute avec soins toutes les contributions). L’observation n’est pas hostile, mais amène des constats sur son adéquation à débattre de sujets globaux et représentatifs d’une large part de la communauté. Il ne m’intéresse pas de limiter mon propos aux seuls auteurs, mais d’interpeller tous les participants en quête de plaisir de jeu. Cette mixité de public et de réactions est pour moi un gage de pertinence de propos, une « rassurance » que mes constructions ne s’éloigneront pas du ressenti de la communauté rôliste; en particulier de son Kévin spontané et finalement plein de sens.

      Bref, avant Silentdrift, je devais potasser, essayer de comprendre, d’échanger et de discuter avec des profils de rôlistes issus de milieux hétérogènes. Choses que j’ai activement pratiqué depuis ces derniers temps. Avec les idées un peu plus claires, plus construites, et mieux définies, j’ai d’abord pris le temps de formuler mes observations sur mon blog (pour une question de lisibilité et de cohérence organique de mes propos). Le temps de la présentation à la tribu d’à côté approche doucement.

    • Fred (Limbic Systems) on 25 avril 2011 at 0 h 36 min

    Salut, intéressante réflexion.

    Au sujet de la question qui suit :
    « En gros, je ne m’explique pas pourquoi la majorité des théories n’aborde quasiment jamais les aspects émotionnels et humains en jdr. Pourquoi ? »

    En ce qui concerne le système, il s’agit de techniques mises en place et testées de façon empiriques, il est donc facile d’en parler, d’en déduire des constantes et de théoriser.

    Le domaine humain et émotionnel est une autre paire de manches : à moins de rapporter des anecdotes personnelles, il est difficile d’être crédible sur un tel sujet qui se rapporte davantage à la sociologie et la psychologie sociale. Donc à moins de faire des études à grande échelle, il est difficile d’en tirer des leçons.

    En ce qui me concerne, je voue un amour immodéré à la psychologie sociale et ce que j’y trouve de très intéressant, c’est que de manière générale, le cadre, les outils et la distribution des rôles sont les variables principales qui ont une influence réelle sur le fonctionnement d’un groupe.
    – Voir l’expérience de Kurt Lewin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kurt_Lewin#Travaux_sur_le_leadership
    – Les théories de Schutz, Serge Moscovici
    C’est le système en tant que répartition des responsabilités, attribution des outils, qui permet d’améliorer la circulation de l’information, le feedback, fertiliser la collaboration etc.

    En JDR, ça se rapporte à la structuration des espaces de créativité, des responsabilités de chacun (joueur et meneur), de faire en sorte que les propositions et créations des uns n’empiètent pas sur celles des autres, de qui à le droit de statuer sur quels éléments de la fiction et comment etc.
    Et sur ces points là, les théories de The Forge (et des autres lieux que vous avez cités) en sont un excellent terreau.
    (Elles parlent d’ailleurs entre autre de moyens de se mettre d’accord sur ce qu’on va jouer, de limiter les sujets sensibles etc.).

    En ce qui me concerne, toutes mes observations sont issues de parties jouées. Mes propositions sont des manières de régler les problèmes qui sont toujours des problèmes qui se manifestent au niveau humain, mais qui dans de nombreux cas peuvent être améliorés par le système, ou par des méthodes, voir des philosophies de jeu.

    L’exemple des points d’immersion dans Sens n’est qu’un moyen parmi tant d’autres de mettre en place des mécanismes de récompense (qui, quand elles sont bien faites collent aux mécaniques sociales).
    Il y a beaucoup de choses sur ces sujets et sur bien d’autres. Pour ma part, le système (et je ne parle pas de « simuler la physique ou les statistiques d’un monde », mais bien de la manière dont les joueurs se partagent la fiction et se mettent d’accord tacitement comme explicitement pour faire avancer l’histoire).

    Il s’agit donc pour ces champs de recherches, de construire un JDR en tant qu’activité sociale et non pas donner au MJ des techniques pour mettre une ambiance. Ce champ de théorie-là est somme toute plus une boîte à outil qu’une réflexion sur notre médium.

    1. Le domaine humain et émotionnel est une autre paire de manches : à moins de rapporter des anecdotes personnelles, il est difficile d’être crédible sur un tel sujet qui se rapporte davantage à la sociologie et la psychologie sociale. Donc à moins de faire des études à grande échelle, il est difficile d’en tirer des leçons.

      Sur la difficulté : oui, je suis d’accord, ce n’est clairement pas un domaine qui se prête avec évidence à la théorisation. Rapporté au jdr, la tâche semble encore plus ardue compte tenu de la friche du terrain.
      Sur la crédibilité : je pense qu’il faut distinguer deux choses : la crédibilité des théories et celle des études :
      – Il est effectivement difficile d’être « crédible » sur des théories mais à mon sens pas parce qu’elles impliquent la sociologie et la psychologie sociale, plutôt parce qu’aucun sociologues ou psychologues sociaux n’en ont validé la justesse et rectifié les erreurs. Comment le feraient-ils puisque ces « projets de théories » n’existent pas ?
      – Je ne vois pas de difficulté à être crédible en étudiant (c’est à dire en observant et dégageant des constantes) l’humain en jdr. Qui plus est, la démarche est la même que pour le système : on met en commun des phénomènes, on observe des cas similaires et on propose des hypothèses. L’ « anecdote personnelle » me semble une piste parfaitement validable pour ces études et pour cause : elle est également utilisée par les sociologues et psychologues.

      Mes propositions sont des manières de régler les problèmes qui sont toujours des problèmes qui se manifestent au niveau humain, mais qui dans de nombreux cas peuvent être améliorés par le système, ou par des méthodes, voir des philosophies de jeu.

      Le point de focale est parlant : traditionnellement, on observe les manifestations humaines pour apporter des réponses « système ». Je propose d’observer les manifestations humaines pour apporter des réponses humaines (parfaitement compatibles avec les réponses systèmes. Je ferais bien un parallèle avec les thérapies de l’esprit où l’analyse (sens freudien) n’était pas concurrente (quoi qu’en disaient les débats), mais bien complémentaire de l’hypnose.

      L’exemple des points d’immersion dans Sens n’est qu’un moyen parmi tant d’autres de mettre en place des mécanismes de récompense

      Mon illustration est a replacer dans son contexte. S’il y a récompense, c’est qu’on cherche bien à encourager un comportement ? En l’occurence, sans vouloir parler à la place de l’auteur, il me semble bien que ce qui est recherché c’est bien une implication personnelle et humaine qui dépasse les limites du système et même du jeu (à Sens, les points d’immersion récompensent également l’implication du joueur en dehors des parties). Les points encouragent aussi le fait d’interpréter un personnage de manière très proche à ce qu’est et à ce que ressent le joueur dans sa propre vie. (C.f. également « Innommable » dans le système de validation des « Attaches » qui doivent avoir un sens dans le système de valeur du joueur). Les « passerelles » entre système et humain existent bien.

      le système (et je ne parle pas de « simuler la physique ou les statistiques d’un monde », mais bien de la manière dont les joueurs se partagent la fiction et se mettent d’accord tacitement comme explicitement pour faire avancer l’histoire).

      C’est une bonne chose de reparler de la définition du système à ce stade, surtout pour les lecteurs de passage qui ne doivent pas faire l’erreur de lui substituer l’expression « règles de jeu » (les « règles » sont un sous-ensemble du système)
      (« means by which the group agrees to imagined events during play » sur « The Forge » et dans le « Lumpley Principle »).

      Il s’agit donc pour ces champs de recherches, de construire un JDR en tant qu’activité sociale et non pas donner au MJ des techniques pour mettre une ambiance. Ce champ de théorie-là est somme toute plus une boîte à outil qu’une réflexion sur notre médium.

      Entièrement d’accord, les trois derniers articles estampillés « Manifeste » partaient également de ce point de vue : les recettes d’ambiance ne sont qu’un outil. Elles se partagent tout de même en deux familles d’influence : celles qui influencent sur la « Couleur » (au sens Forgien) et certaines autres qui prennent en compte et proposent d’agir au niveau du « Contrat social ». Mes articles ne venaient naturellement pas « défendre » la raison d’être des premières.

      Il reste que les approches « systèmes » du moment laissent les participants à un jdr et en particulier le meneur toujours aussi livré à eux même lorsqu’il s’agit de remédier à des problématiques humaines et émotionnelles ou d’employer des ressorts humains.

    • Alias on 20 avril 2011 at 15 h 40 min

    C’est le principe du « rôliste internet », par opposition au rôliste lambda – qui ne fréquente pas les sites rôlistes. Il y a clairement un effet de distorsion, même si je pense que, depuis quelques temps (un ou deux ans), c’est un effet qui commence à être connu et pris en compte par les auteurs.

  1. […] un blog dédié au jdr ? Eh bien je trouve qu’elle tombe à point, à un moment où l’auteurisme fonctionne à plein […]

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