Avant d’en venir au sujet…
Le monde du logiciel s’invite dans toutes les activités humaines. Le jeu ne fait pas exception. Qu’il s’agisse de logiciels de monitoring de condition physique des sportifs, d’interfaces de jeu d’échec ou tout simplement de jeux vidéos, des concepteurs viennent régulièrement nous proposer des logiciels pour répondre à nos besoins.
Je remarque que le phénomène se développe assez lentement dans le monde du jdr francophone. Sans prendre position sur l’intérêt général des logiciels pour nos parties de jdr, j’ai l’impression que les développeurs sont moins productifs dans notre niche ludique. Je remarque également que les rôlistes qui m’entourent affichent souvent une méfiance de principe lorsqu’on leur propose de saupoudrer du logiciel dans leurs parties.
Le résultat, c’est que faute de créateurs, d’enthousiasme du public et naturellement de tune à se faire, les logiciels dédiés au jdr sont plutôt rares. Pourtant, plus le temps passe, plus je remarque qu’ils nous (me ?) rendent régulièrement la vie plus facile :
- certains nous permettent de jouer en ligne avec une interface adaptée,
- certains nous permettent de créer des aides de jeu classeuses (cartes, plans, documents etc.),
- certains nous apportent rapidement des informations techniques ou des éléments fictionnels exploitables (noms, zombies (!)
- certains nous épargnent de douloureuses luxations résultant du transport manuel de nos 16 cantines de dés,
- d’autres nous aident à gérer simplement des points complexes du système de résolution (combat, phases d’initiative, toxicité du graudi marbré simplex simplex décanté dans un bain de cocopistifure rampant)
- d’autres nous assistent pour poser une ambiance immersive à notre table (gestion dynamique des bruitages, de nos plages musicales)
- d’autres nous permettent de visualiser une scène d’action de manière plus réaliste (fog of war, angles de vue etc.)
- certains sont mêmes des méta-logiciels proposant un cadre de jeu avec meneur (on trouve de temps en temps des jeux vidéo qui permettent ce type d’expérience, par exemple, le jeu Vampire : la Mascarade, Neverwinter nights, il me semble aussi que le dernier warcraft permet ce genre d’expérience.
Pour ces derniers « méta-logiciels », on remarque rapidement que l’interprétation des personnages et les potentialités de jeu restent très bridés par le logiciel utilisé.
On rencontre finalement très peu de logiciels exploitables en cours de partie, encadrant le jeu mais juste comme un support au rôleplay traditionnel. Pas de logiciel de simulation de hacking de système pour occuper nos chers Netrunners à Cyberpunk/Shadowrun pendant que les autres joueurs défouraillent à tout va. Pas d’interface électronique de gestion des combats à coups de buzzer-initiative. Pas de logiciel de recherche en bibliothèque, d’opération chirurgicale ou de poursuite de véhicules.
A bien y réfléchir, je ne connais finalement aucun « méta-logiciel » qui ne nous enferme pas dans sa vision spécifique et forcément trop typée… Aucun jusqu’à lundi dernier.
ARTEMIS
C’est quoi ?
ARTEMIS BRIDGE SIMULATOR GAMEPLAY est un logiciel de simulation de passerelle de vaisseau spatial, vous savez, ces endroits étranges où 25 figurants en uniforme repassé font semblant de s’intéresser au rythme de clignotement de boutons raccordés à des pacemakers de hamster en plein trip de LSD sous l’œil inquisiteur du méchant de fin scénar. Peu importe ce qu’ils mijotent on comprend tout de suite qu’il y a du lourd et du laser prêt à carboniser tout ce qui bouge dans les 2 heures de jeu à venir.
Oh, bien sûr, il y a des passerelles plus « D&Co », mais le principe reste identique.
Les créateurs d’ARTEMIS ont pensé leur logiciel comme une interface collaborative qui permet à plusieurs personnes de prendre le contrôle d’un vaisseau spatial.
Ils ont prévu 6 postes de commande, chacun destiné à six opérateurs différents.
Les postes sont designés pour :
- un pilote
- un artilleur
- un mécanicien en chef (propulsion)
- un officier scientifique
- un opérateur communication
- un opérateur senseurs
Le logiciel est pensé pour fonctionner en réseau, chaque participant prenant les commandes d’un des postes sur sa machine. Chaque interface de contrôle est visuellement et fonctionnellement différente des autres.
Une dernière interface présente la vue générale du vaisseau piloté (depuis la verrière ou une représentation extérieure etc.). Cette vue sera idéalement dévolue à l’ensemble de l’équipage et au joueur-capitaine du vaisseau qui jugera du nombre de coup de neurofouet à dispenser aux opérateurs qui somnolent sur sa passerelle.
Chaque joueur est responsable de son poste et donc, d’un des poste fonctionnel du vaisseau.
Le paramétrage du jeu prévoit de nombreux niveaux de complexité impliquant un nombre croissant de paramètres à gérer.
Quel usage en jdr ?
Rajoutez à cela la possibilité de faire des pauses quand bon vous semble, celle de générer des évènements particuliers à la demande (attaque d’un autre vaisseau, évènements extérieurs, arrivée de communications etc.), 6 vaisseaux pré-designés, des possibilité de « modage » et vous obtenez une super expérience de gameplay de JDR ! De quoi se donner envie de ressortir nos vieilles éditions de Star Wars, Alternity ou d’attendre le pied ferme la sortie de Space Adventures Cobra où il est précisément question de gérer un vaisseau « de groupe ».
Vous imaginez vos joueurs en pyjama moulants, en train de rendre compte des dégâts subits par le système de propulsion à leur capitaine ? Je parie que vous vous figurez très bien son air songeur, assis au milieu de la pièce avant de donner ses ordre d’éperonnage pendant que vous, MJ appuyez sur le bouton qui déclenche les tirs de turbolaser ennemis et envoie le message « Starbase – Artemis – Cessez immédiatement le feu, vos codes transpondeurs ont été hackés, vous affrontez un vaisseau allié expérimental de l’amiral Hunage en mission confidentielle !«
Oh naturellement, il ne s’agit pas forcément de se servir d’Artemis à chacune de vos partie et de tuer le jdr avec des logiciels-gadget-c’était-mieux-avant, mais juste de proposer une expérience de jeu one-shot pour un space-opp inoubliable avec vos joueurs.
ARTEMIS est un fan-projet disponible sur Windows (version serveur du logiciel), on peut gérer un poste de commande depuis un autre PC en réseau (local ou distant) et même un terminal IOS (Ipad/phone) ou Android.
Il est même possible de scénariser des parties multi-table distantes où une table commanderait un vaisseau et l’autre table un autre vaisseau (imaginez les remakes futuristes de La Poursuite d’Octobre Rouge ou de Das Boot !)
ARTEMIS est disponible en version serveur pour un joueur à 5,99€ sur Steam (31,99 version 6 joueurs).
Je vous laisse avec cette vidéo jouissive en terme de possibilités…
Merci à Eric pour m’avoir fait découvrir le bouzin. Bonne découverte et n’hésitez pas à venir nous parler de votre retour d’expérience dans les commentaires.