Marchés et Foires

Une petite présentation des services et objets trouvables dans les marchés, et de quoi les rendre plus vivants aux oreilles de vos joueurs, présentée sous forme de visite d’un groupe d’aventuriers dans une cité inconnue, alternée d’explications techniques sur le paragraphe lu.

 

Cette aide a été pensée pour un background med-fan, mais avec un minimum d’adaptation elle pourra être employée pour représenter un marché villageois voire un néo-marché traditionnel pour un univers cyberpunk ou un space-market E.T …


Les rues étaient bondées ; à travers les voiles multicolores des étals tendus, les curieux à leur fenêtres avaient déjà repéré le petit groupe étranger à leur cité qui progressait péniblement au travers de la foule.

Les étrangers avaient tous leurs sens en éveil : Les couleurs vives des épices dans leur sac, l’odeur de la viande grillée et du cuir tanné, la fumée de l’encens et des ateliers de forgerons, l’éclat brillant des armures et des bijoux ciselés, les crieurs qui couvraient de leur voix le brouhaha incessant des chariots et des marchandages entre commerçants, les innombrables porteurs d’eau suivis pas à pas par les chiens errants lapant les flaques qui se formaient sur leur passage.

Oui, ils avaient de bonnes chances dans ce marché de trouver les ingrédients nécessaires à Berra l’alchimiste, et même de quoi renouveler leur matériel de voyage déjà bien usé.

Un marché est un lieu vital pour une cité, voire même pour les villages les plus reculés ; là se vendent et s’échangent les produits essentiels à tous, tels que nourriture, vêtements et outils divers, et parfois meubles et vaisselle. Les marchandises sont presque toujours négociées, car c’est le moyen de subsistance des chalands, et le fruit de leur labeur. Les villages proches d’une cité voient leurs habitants faire quotidiennement l’aller-retour pour aller y vendre leurs productions-ou leur rare surplus pour les paysans pauvres- et y acheter des épices pour conserver les viandes, de nouveaux outils, et des textiles divers comme des bottes ou des couvertures.

 

Quelques marchands baillaient encore, peinant à émerger du sommeil malgré les longues heures qui les séparaient déjà de l’aube, durant laquelle ils avaient comme à chaque matin dû réinstaller leurs étalages ainsi que la marchandise, dont quelques cagettes avaient vraisemblablement échappées à la poigne du maraîcher ; les restes à terre attiraient les volailles en liberté qui venaient picorer çà et là les fruits écrasés.

Les marchands, comme les artisans ayant pignon sur rue, travaillent de l’aube au crépuscule, soit en moyenne 12 heures par jour (jusqu’à 17heures en été !) et se doivent d’être les premiers installés tout en étant présentables- eux et leur marchandise. Le soir, les marchands (ainsi éventuellement que leur femme, enfants et apprentis) remballent les étals pour fermer boutique ; les déchets jonchent la rue, nettoyés par le maître de rue et ses hommes, garants de la propreté des lieux et de la sécurité des venelles la nuit venue.

Les rues sont balayées ou nettoyées à l’eau, et couvertes de paille pour le lendemain afin d’amoindrir l’humidité et les flaques, et couvrir les déjections des porcs et autres volailles vendues en enclos ou en liberté près de leur propriétaires.

 

Des quatre étrangers, seuls deux étaient concentrés à leur but ; les deux autres passaient d’échoppe en étals, s’émerveillant devant le savoir-faire de quelque artisan travaillant à son ouvroir (atelier ouvert), salivant auprès des fruits dorés qu’un paysan avait tiré de son courtil (potager de petite taille), ou se délectant du coin de l’œil des courbes dénudées des prostituées racolant dans les rues voisines. Leur attitude fut remarquée par les colporteurs qui s’empressèrent de leur proposer services et soins, et c’est entourés de décrotteurs et regrattiers qu’ils traversèrent une bonne moitié du marché.

A part les marchands « fixes », il existe bon nombre de métiers dits « de colporteurs » ; les porteurs d’eau font d’incessants allers-retours au puits ou à la rivière pour alimenter les particuliers, mais aussi les auberges et tavernes (pour les bains et les -rares- cruches d’eau consommées, sans oublier les soupes et autres ragoûts), et les alchimistes et autres apothicaires ; les décrotteurs qui nettoient les bottes et brossent les vêtements des voyageurs contre quelques piécettes ; les ramoneurs qui vont de portes en portes pour déboucher les conduits des cheminées et ramasser les braises froides (qu’ils revendront aux plus démunis qui n’ont pas de bois à brûler) ; les regrattiers, qui rachètent -ou ramassent- les restes de nourriture des auberges ou chez les cuisiniers des riches pour les revendre aux passants comme amuse-gueule ; les portefaix, gaillards qui louent leurs bras lors de chargement / déchargement de marchandises lourdes (ce sont les « manutentionnaires » de l’époque) ; et bien sûr les prostituées, qui donnent quelques rendez-vous pour le soir même plutôt que de « pratiquer » en pleine journée.

La dernière venelle franchie, le groupe arriva à la place centrale, le long de laquelle se dressaient les pupitres des écrivains publiques, peinant à travailler dans le brouhaha des crieurs mandatés annonçant les nouvelles officielles sur leurs estrades près de la fontaine centrale, sur le rebord de laquelle les blanchisseuses discutaient des derniers commérages.

La place publique est souvent indissociable du marché ; elle est le centre névralgique des citadins et arrivants, où les informations sont le plus facilement entendues, surtout les officielles dont il ne vaut mieux pas se passer. Les tavernes ceignant la place sont nombreuses, profitant de la vue dégagée et de la lumière, rare dans les autres rues, et les prix et mets y sont plus riches, mais ces établissements ne sont pas de ceux où les trafics louches ont lieu. Plusieurs milieux sociaux s’y côtoient, et l’on peut y croiser des érudits, des portefaix au repos, des servantes et autres valets, des troubadours, des hommes d’armes (rendant l’endroit plus sûr que les sombres ruelles voisines), et quantité de commerçants itinérants ou fixes. L’endroit est synonyme de cœur de la cité, et l’entretien y est plus régulier pour donner bonne impression aux voyageurs ; les caravanes marchandes et autres cortèges passeront sans doute par la grande place, étant naturellement l’aboutissement de la grande rue de la cité. Souvent décorée d’une statue ou fontaine, qui permet aux plus attentifs d’y deviner quelques aspects historiques de la cité, la place est prévue pour servir de point de rassemblement de la population, et les fêtes ou processions y débuteront certainement par soucis d’organisation. C’est évidemment le lieu idéal pour mendier, tant que la milice n’intervient pas, et pour semer des poursuivants.


Voici une liste d’évènements qui peuvent affecter vos PJs lors d’une ballade dans un marché ou une foire ; appliquez un -1, voire -2 si le lieu n’est pas sûr (région dangereuse ou pauvre, cité mal famée, milice inexistante) ou au contraire un +1, voire +2 si la région est prospère (peu d’impôts, bons seigneurs, cité marchande, milice importante).

Lancez un D10 :

0 – meurtre en pleine rue (bavure milicienne, vendetta, course-poursuite, exécution publique).

1 – vol à l’étalage (voleur seul, bande organisée, dégradation volontaire, course-poursuite).

2 – dispute entre deux clients (vue sur la même marchandise, rancune personnelle).

3 – scandale d’un mécontent (marchandise de mauvaise qualité, mauvaise foi, diffamation).

4 – entr’aperçu d’un trafic illégal (vendeur à la sauvette, abandon de marchandise).

5 – rumeurs de commerçants (autorités locales, marchands, récoltes, évènements récents).

6 – étal non conforme à la loi (étal trop grand, marchandise sensible, pas d’autorisations).

7 – circulation difficile (chariot renversé, étal écroulé, opération milicienne).

8 – colporteur louant ses services (utile– repriseur, portefaix ; agréable– regrattier, prostituée).

9 – promotion sur des surplus (excédents de récolte, retour de guerre, impôts moindres).

10 – trouvaille d’un objet rare/magique (objet brisé, contrefaçon, objet volé, vendeur ignorant).

11+ visite d’une personnalité (héros, personnalité locale, cortège religieux, parrain mafieux).

Un article de Troll

[smooth=id: 23; width:400; height:400; timed:false; arrows:true; carousel:false; links:true; info:false; align:center; frames:true; open:true; text:Images;]

Article(s) connexe(s)

Lien Permanent pour cet article : https://ajdr.tentacules.net/techniques/descriptions/marches-et-foires

(1 commentaire)

    • Yakuru on 18 février 2011 at 14 h 32 min

    Encore un bel article pour inspirer nos descriptions et ambiances

    On a une description très fonctionnelle de qui fait quoi et de ce l’on peut trouver dans marché médiéval ou médiéval fantastique. En lisant cet article, j’ai une impression de fourmilière ou termitière géante grouillant de populace, mais question ambiance, j’aurais insisté un peu plus sur le versant « olfactif » :
    Pour avoir visité de nombreux marchés de pays du tiers monde (Laos en particulier), ce qui frappe en premier dans un marché de produits frais, ce sont les très puissantes odeurs, inhabituelles pour nous, occidentaux habitués aux supermarchés et marchés propets.
    Et comprendre que l’odeur de la viande non réfrigérée posée sur des étals toute la matinée est un poil émétisante 😉
    Sans compter que tous les déchets se retrouvent à même le sol (y compris les déjections d’animaux vendus vivants, comme cité dans l’article), et qu’il me semble quand même un poil difficile de bien nettoyer les rues à l’eau sans avoir accès à l’eau courante : on a un beau merdier!

    Chapeau tout de même pour cet encart sympathique, qui va être fort utile pour renouveler les descriptions parfois succinctes des marchés et foires Med-Fan!

Les commentaires sont désactivés.