Maintenant, il s’agit de préparer un minimum votre scénario à venir, à moins que vous soyez assez sûr de vous (ce qui suppose que vous connaissiez assez bien le classement de vos différents morceaux de musique).
Préparer votre scénario revient à établir une liste de correspondance entre les plages de vos CD et les différentes scènes de votre trame.
Comment qu’on fait ?
I – Réféchissez aux différentes musiques que vous voulez pour illustrer votre scénario
1 – Pour un scénario pré-écrit, le choix des musiques est assez simple :
prenez vos différentes scènes dans l’ordre où elles se présentent et trouvez une plage de musique qui met en valeur les émotions que la scène peut vous suggérer. Quatre petites règles à garder en mémoire :
ne sonorisez pas CHAQUE évènement, cela deviendrait ridicule. contentez vous de repérer les scènes où le contenu émotif est important ; combats, action, révélations importante, découvertes, paranoïa, malaise, romance, retrouvailles, esprit de vengeance etc…
Deuxième règle, ne vous la jouez pas dans l’esprit du cinéma Holliwoodien (« Blockbuster ») ne balancez pas ces plages ridicules qu’on y entend quand il se passe quelque chose de tragique pour le groupe de PJ. Ils n’ont pas systématiquement besoin de musique dramatique pour leur dire qu’ils doivent pleurer. Dans de telles scènes, si vous n’êtes pas sûr de votre coup, virez carrément la musique, le silence sera bien plus évocateur et moins ridicule qu’une plage mal choisie !
Gardez vos meilleures munitions pour la fin ! Je sais, on veut tous se servir de la plage « Ultime » qu’on a découvert sur telle ou telle B.O., mais pensez au reste du scénar, à la fin… Ne gachez pas tout en surchargeant le début du scénar. Allez-y progressivement.
Ne négligez JAMAIS l’importance du silence dans vos partie. Même si vos PJ vous supplient tous en coeur, à genoux, une main sur la poitrine, l’autre sur une dague de latex, en rampant comme des asticots tout en geignant comme des vierges éplorées : NE CEDEZ PAS ! Gardez des moments du scénar sans aucune musique ! Pourquoi ? Le silence repose, mais évite aussi la fatigue occasionnée par un environnement trop bruyant. De plus, le silence sait parfois être évocateur comme aucune musique ne le ferait. Enfin, après un silence, on est d’autant plus réceptif à la plage qui suivra…
2 – Ca se corse un peu pour les scénarios complètement improvisés
même si ça semble paradoxal, on peut préparer l’ambiance sonore d’un scénario totalement improvisé (non, je ne suis pas atteint de sénilité précoce !). Un scénario sans déroulement linéaire peut être préparé, à condition :
que vous connaissiez (en gros) le style de jeu de vos joueurs (sont-ils plutôt bourrins, plutôt grégaires, plutôt « regardons ce qui se cache derrière le scénario ! » etc… ) de cette façon, vous déterminerez si vous aurez besoin de musiques qui remuent ou de musiques qui évoquent le suspens/la romance etc…
que vous ayez en tête les scènes que VOUS souhaitez d’office introduire dans votre scénario, toutes ces scènes qui sont les seuls éléments non improvisés souvent parce qu’elles vous tiennent à cœur, vous empêchent peut-être même de dormir la veille d’une partie, vous arrachent des gloussements de bonheur (« Ha ! qu’est-ce qu’ils vont prendre mes joueurs demain !!! je suis vraiment trop Méccchhhaaannnt !!! » ). Quand on improvise un scénario, ne mentons pas, on a quand même un ou deux concepts en tête : une trahison, un sauvetage de dauphin, une poursuite en moto…
Bref, considérez ces scènes une par une et pensez au caractère que vous voulez leur donner (drôle, inquiétante, anecdotique, cruciale pour la suite du scénar etc…) ce choix conditionnera le type de musiques que vous associerez à la scène.
EX : Pour votre improvisation med-fan, vous avez envie de mettre en scène un défilé de géant dans une forêt, portant tous un ou deux troncs d’arbre. La musique que vous diffuserez à ce moment, associée à votre type d’expression (mimiques, tessiture, intonation, gestuelle… ) donnera le ton sans que vous ayez besoin de déflorer directement les cause d’un tel évènement.
Vous passez la chanson des 7 nains de Blanche Neige, vos joueurs sauront d’instinct que cette scène est sans incidence sur le reste du scénar, ils seront plus entreprenant, s’essayeront à diverses bouffonneries, interpelleront les géants etc…
Maintenant, imaginons la même scène, mais avec une musique quasi-dramatique, inquiétante, vos joueurs vont sauter à couvert, imaginer 1000 supplices qui leurs seront infligés s’ils se font voir par les géants. Les spéculations iront bon train (« ce doit être l’avant garde de cette armée « qui ébranle la terre » dont parlait le vieux fou du village voisin !! » )
Une fois l’ambiance d’une scène déterminée, choisissez vos musiques en écoutant tout ce qui pourrait convenir dans votre CD-thèque, n’hésitez pas à comparer des morceaux en concurrence afin d’être sûr de sélectionner le meilleur. Ecrivez votre choix au brouillon (ou faites-en un raccourcis nommé en conséquence dans un dossier si vous jouez sur PC) et recommencez pour la scène suivante etc…
ATTENTION, prenez du temps pour bichonner les scènes qui vous tiennent à cœur, votre scénar ne s’en trouvera qu’amélioré. Vous saurez quand votre travail est accompli au moment où vous n’en tiendrez plus de faire jouer votre scénar. Encore une fois, cet enthousiasme est bénéfique pour votre partie, généralement, vos joueurs ressentiront cette énergie enthousiaste émanant de vous, ils devineront que votre scénar ne sera pas un flop et avec un peu de chance, ils s’impliqueront peut-être plus que d’habitude dans l’intrigue… Qui sait ? (En tout cas ne comptez pas sur eux pour être plus reconnaissant envers votre travail, l’ingratitude est de mise chez les joueurs…sauf qq’uns, mais c’est pas pour les louanges qu’on aime le jdr, nous autres MJ, pas vrai ?
Bref, Ne nous égarons pas, revenons-en à la technique : pour organiser votre scénario, après le brain-stroming sur le choix des plages, passons à…
II – La présentation concrète de vos idées …
Où clarté rime avec efficacité…
1 – Tout d’abord, de prendre des notes au crayon de papier sur votre support scénario (si celà est possible !). Notez donc vos références CD à côté des lignes, si possible quelques lignes avant le moment où vous voulez les passer, avec un système complémentaire de flèches. Ainsi, vous pourrez anticiper sur les morceaux à passer tout en n’oubliant aucune plage.
2 – Ensuite, je vous conseille de réaliser et d’imprimer une fiche thématique récapitulative grâce à un tableur (Excel, Works…), avec les références de vos vos morceaux de musique classés par AMBIANCE, ET par LIEUX qui risquent d’apparaitre dans votre scénario.
Ex : Voici coment je présente mon début de liste pour un scénario de Vampire the Dark Ages
Cadre | Genre de Situation | Référence |
Combat | Attaque prévisible menée par les PJ | Mood track 10 |
Déplacement | Chevauchée | BO Entretient avec un Vampire track 3 |
Rencontre | Rencontre d’une personne que les PJ savent influente | BO Entretient avec un Vampire track 10 |
Rencontre | Rencontre avec le Séraphin | Dead Can Dance (Labyrinth) track 1 |
Stress | Horreur latente | BO Entretient avec un Vampire track 14 ou Quake 4 |
Stress | Exploration d’un endroit fermé et lugubre | Le Nom De La Rose track 6 |
Stress | Premier éveil d’un PJ dans son refuge | The Crow track 2 |
Stress | Evasion des geôles du Prince | Crying Freeman track 5 |
Ce type de liste sera d’une aide précieuse dès que vous vous écarterez de la trame de base ou quand vous ferez jouer un scénario non linéaire.
3 – Enfin, vous pourrez vous imprimer une fiche récapitulative organisée chronologiquement, où les références de vos morceaux de musique apparaitront selon l’ordre « probable » de déroulement des scènes de votre scénario. Cette liste est loin d’être indispensable, mais elle m’a déjà rendue service pour faire jouer des scènes dont la succession est prévisible : laissée près de votre lecteur CD, elle vous indique, chaque fois que vous remetez un CD dans sa boîte celui dont vous allez probablement vous servir ensuite. Si vous prenez le reflexe de toujours placer le CD « à venir » dans votre mange-CD, vous éviterez de distraire vos PJ lorsque votre scène sera venue en changeant de CD (dans ces moment là, ils devinnent que quelque chose va se passer, et certain vont même jusqu’à regarder la jaquette du CD que vous allez passer pour savoir s’ils doivent dégainer leurs armes… Hein Sigfried !? Rapidement vos partie se transformeront en jeux de cache-cache CD débiles : bye ! bye ! ambiance !)
Si vous jouez avec un ordinateur, l’intérêt de ces fiches baisse radicalement dans la mesure où à coup de classements, de renommages et de raccourcis, vos listes se feront d’elles-même sous la forme d’ensembles de fichiers disposés dans des répertoires. Petit truc dans ce cas, il peut être intéressant de renommer des fichiers en les faisant précéder d’une numérotation type « 01, 02, 03, 04 » etc. histoire qu’ils puissent s’organiser d’eux-mêmes par ordre de diffusion dans vos répertoires.
Voilà, avec cela, vous devriez vous épargner la plupart des déconvenues en matière de sonorisation.
Je vous laisserai sur cette anecdote débile : Un jour, un MJ à Star-Wars nous a passé la « marche impériale » à la place de la musique de la « Cantina » parce qu’il ne se souvenait plus du numéro de la plage ! Je vous raconte pas la réaction de mon pote au PJ Wookie au sac plein de détonnateurs thermaux ! N’empêche, on a tous bien ri !
(1 commentaire)
Très instructif! J’ai l’intention d’utiliser une tablette et ce genre d’article donne de belles idées. Mais du coup, on en voudrais d’autres des « playlist » comme celle de Dark Ages? Soit ici soit par mail et si vous avez un peu de temps j’aimerais avoir vos autres listes .D