Une définition du « jeu de société »

 

Avant propos (à la fraîche)

Je n’ai pas trop l’habitude de m’aventurer sur les terrains ludiques que je connais moins bien que le jdr : question de cohérence. Mais il y a quelques semaines, un de mes articles qui parlait de jdr et de a suscité pas mal de réactions sur Facebook (notamment ici) et dans les commentaires de cet article.

Il me semblait évident que l’accueil de mes propos (le jdr n’est pas un « jeu de société ») n’allait pas être enthousiaste, c’est pourquoi je tiens à revenir sur le sujet. Une fois n’est pas coutume, je vous propose une définition fondamentale du « jeu de société » :

L’idée était de trouver une définition rigoureuse de la pratique du jeu de société.
Ce qui précède n’est donc pas une présentation (description destinée aux néophytes pour leur faire comprendre – s’ils débarquent de la planète Mars – ce qu’est un « jeu de société »), mais un outil pour définir, départager ce qui est du « jeu de société » de ce qui n’en est pas.

Pour une brève explication, cette définition regroupe les caractéristiques fondamentales de la pratique du jeu de société, autrement dit les aspects qui, une fois réunis le distinguent d’ autres activités.

Ces caractéristiques fondamentales du « jeu de société », telles que je les identifie humblement sont :

  • un JEU
  • une VOCATION SOCIALE
  • dont les RÈGLES DU JEU SONT PRÉÉTABLIES et…
  • elles ont pour objet de DÉSIGNER UN OU PLUSIEURS JOUEURS COMME GAGNANTS/PERDANTS DE LA PARTIE.

Note d’intention

C’est un peu la première fois que j’écris un article pour justifier un propos, j’espère que vous en excuserez la longueur. Il n’est pas forcément rédigé pour une lecture intégrale, mais plutôt comme un carnet de notes de mes arguments contre les critiques parfois un peu légères qu’on a pu formuler sur mes intentions et mon travail.

Vos critiques

Comme d’habitude, j’estime qu’une bonne définition doit être éprouvée, confrontée, passée à la critique pour en éprouver la solidité.
J’invite donc toujours les lecteurs de passage à critiquer ce travail, tant que c’est fait avec bonne foi.
Idéalement, lorsque vous le faites, merci de respecter cette petite charte :

1 – Avant d’écrire quoi que ce soit ou de poster des gifs animées déstabilisantes :

Merci de vous assurer que vous avez bien saisi la différence entre une « définition/description » et une « présentation » ? Sinon, relisez le point 1 de la FAQ ci après.

2 – Si vous critiquez la liste des fondamentaux

Merci de préciser lequel ou lesquels vous semblent manquer, ou bien celui ou ceux qui ne vous semble(nt) pas « fondamentaux » (on ne le retrouverai pas pour l’immense majorité des jeux dits « de société ») ou bien celui ou ceux dont vous ne contestez pas la pertinence mais qui vous semble(nt) mal formulé(s) dans la définition.
Dans chaque cas, il sera plus facile de comprendre votre point de vue si vous l’accompagnez d’arguments et d’exemples.

3 – Si vous critiquez la formulation de ma définition

Merci dans ce cas de préciser ce qui ne va pas (choix des mots, ponctuation, style etc.) en proposant une formulation qui vous semble plus adaptée/cool/feuneouanagèn

4 – Si vous avez une autre critique à formuler

Merci de lire d’abord la Foire Aux Questions un peu plus bas histoire d’être bien sûr que vous n’y apprendrez pas quelque chose qui nous mettra d’accord avant même d’écrire votre commentaire.

5 – Si vous venez pour troller

Entrez-donc, il fait chaud et il y a du pop-corn pour tout le monde ! Mon affection et ma patience pour les trolls sont grandes depuis le jour où j’ai vaincu le premier Troll de ma vie de rôliste (Sniff, c’était en 1991, à Warhammer, il y avait plein d’acide, ça brûlait…)
Qui plus est c’est toujours un peu sudoku de jouer à « qui est le plus patient/troll des deux ».

What the FAQ ?!

Derrière cette blagounette facile de noce et banquet, je propose pour ceux que ça intéresse une petite Foire Aux Questions /remarques fréquentes tirée des observations qu’on a pu me remonter sur le sujet. J’ai synthétisé le tout pour une meilleure compréhension, n’hésitez pas à réagir vous aussi pour que je puisse améliorer la définition ou enrichir la FAQ :

FAQ & Remarques fréquentes sur la définition du jeu de société

Sommaire :

  1. C’est quoi la différence entre une définition et une présentation ?
  2. « Fondamental », c’est un mot pour frimer ?
  3. Alors explique moi chaque caractéristique fondamentale, juste pour rire ?
  4. Ta définition est nulle pour expliquer aux néophytes du jeu de société ce que c’est
  5. C’est impossible de définir la notion de jeu de société
  6. Chacun a sa définition de ce qu’est un jeu de société
  7. C’est impossible de pondre une définition du « jeu de société » qui plaise à tout le monde
  8. Pour définir le jeu de société, il faudrait écrire une bibliothèque
  9. Définir le jeu de société ça ne sert à personne
  10. Définir le jeu de société ça ne sert à rien
  11. Définir le jeu de société comme tu le propose c’est cruel car ça en exclue le jdr
  12. Une bonne définition du jeu de société DOIT faire du jdr un jeu de société à part entière
  13. Définir le jeu de société, c’est se prendre la tête, moi je préfère y jouer
  14. Je ne suis pas d’accord avec ta définition
  15. Ta définition n’est pas pertinente, car elle implique que le Comité pour l’Exploration des Mystères n’est pas un jdr
  16. Moi je préfère la définition de Wikipédia/Larousse/Robert etc.
  17. Moi je connais un jeu de plateau dont les règles ne prévoient pas de conditions de victoire, ta définition n’est donc pas bonne
  18. Je passais juste pour dire que le jdr est bien un jeu de société puisque les joueurs gagnent des combats, des trésors, des scénarios et des PEEEEEEEX !
  19. Et les jeux de société collaboratifs alors ?
  20. De quel droit te permets-tu d’imposer aux autres ta définition du jeu de société ?
  21. Quelle est ta légitimité pour proposer une définition du « jeu de société » ?
  22. Pourquoi tout compliquer ? Un « jeu de société » c’est juste « un jeu qu’on fait en société« .

1 – C’est quoi la différence entre une définition et une présentation/description ?

Cette distinction est fondamentale pour bien se comprendre et éviter les querelles entre sourds et aveugles.

« Définition » et « présentation » sont deux concepts différends, même si on les confonds souvent, à force d’abus de langage :

la « présentation » ou la « description » introduisent, décrivent, font comprendre,
la « définition » délimite, formule les caractéristiques, les fondamentaux,

Dans la pratique, on « présente » ou on « décrit » très souvent des concepts, mais on « définit » plus rarement.

Il est vrai que le mot définition est de plus en plus employé dans le langage courant au sens de « présentation », je précise que ce n’est pas mon cas dans cet article.

Ce sont bien des « présentations » qu’on emploie pour décrire nos loisirs aux simples mortels et heureusement !

Imaginez la tête du néophyte à qui on servirait une définition à la place d’une présentation !

Par exemple sur la « natation » :

« Je vais pratiquer un sport de déplacements actifs au sein ou à la surface de l’eau, sans appui sur le fond » (définition)

au lieu de

« Je vais nager à la piscine » (présentation) !!

A chaque outil sa tâche.


2 – « Fondamental », c’est un mot pour frimer ?

poutaclicOh non, si je voulais me la jouer, je me serai lancé intensivement dans la photographie de chatons portées par des bimbo nues et lascives ; meilleur rapport énergie/frime que de passer des heures à lire, écrire, et argumenter pour se faire chier sur la tête par des donneurs professionnels de leur avis non argumenté-mais-qu’il-est-clairement-le meilleur-parce-qu’ils-l’avaient-déjà-avant-que-j’écrive-mon-article.

Mais ça fait partie du job et il m’arrive moi-même de gueuler avant de chercher à comprendre, c’est assez humain.

« Fondamental », c’est un concept important pour comprendre ce que je fais, le Dictionnaire de l’Académie Française nous dit au sujet de ce mot et dans le sens où je l’emploi :

« Qui tient au fond, qui est essentiel ».

Un autre mot est important :

« caractéristique » : « ce qui sert à distinguer »

Donc, lorsque je propose une liste des (caractères) fondamentaux du « jeu de société« , j’en présente les aspects qui me semblent principaux, nécessaires, ceux qui le distinguent des autres activités/concepts.

On peut discuter la liste des caractéristiques fondamentale que je propose, mais pas le principe d’établir cette liste, sinon c’est qu’on veut faire autre chose que de trouver une définition fondamentale du concept.
Et ça, ce n’est pas ce qui m’intéresse ici. Dans ce cas, comme le disait affectueusement ma grand-mère : « Oust ! Du balais ! » (vous pouvez aussi continuer la lecture de cette FAQ, vous y trouverez – je l’espère – des éléments intéressants sur cette question).

 


3 – Alors explique moi chaque caractéristique fondamentale juste pour rire ?

Je vais essayer d’être court :

  • un JEU
    Le jeu de société est manifestement un « jeu » et là dessus je vous renvoie aux travaux super intéressants d’autres personnes et aux du jeu qu’elles proposent, notamment Roger Caillois (Les jeux et les hommes : Le masque et le vertige).
  • une VOCATION SOCIALE
    Ce que j’entends pas là, c’est que tous les jeu de société partagent un point caractéristique : la raison d’être profonde de chaque jeu de société, avant et au delà de nous divertir individuellement, est liée aux relations collectives entre individus.
    Qu’on le réalise ou pas, qu’on l’accepte ou non, les idées de rencontre, de retrouvailles, de convivialité et de partage d’un moment (le partage n’a pas de sens lorsqu’on est seul) sont des incitatifs majeurs pour tous ceux qui jouent à des « jeux de société« .
    Préciser la vocation sociale (sous-entendue comme intention première), c’est aussi une manière de distinguer le jeu de société d’activités voisines comme :
    • les jeux de plein air dont la vocation est principalement récréative (se détendre, se récréer),
    • les jeux sportifs dont la vocation est principalement sportive (développement et entretien des facultés physiologies)

Ce qui n’interdit pas à des jeux de société de comporter une dimension sportive ou récréative, mais n’en fait pas une préoccupation initiale.

  • dont les RÈGLES DU JEU SONT PRÉÉTABLIES et…
    Il me semblait utile de le signaler parce que seuls ceux qui connaissent les règles peuvent avoir l’enjeu de gagner une partie de « jeu de société« . Ceux qui en ignorent les règles sont disqualifiés d’entrée de jeu.L’exemple que je proposerai est le jeu du « dîner de con » – que je précise n’avoir jamais pratiqué -.Ce jeu cynique qui a inspiré un film répond visiblement à la définition que je propose ; c’est bien un « jeu de société ».Les participants y invitent chacun une personne qu’ils estiment être idiote à un repas commun. Les « idiots » ignorent ce qui se joue pendant le repas. Le participant qui gagne la partie est celui dont l’ « idiot » est reconnu le plus gratiné par les participants à l’issu d’un vote à la fin du repas.Dans ce cadre, les règles sont préétablies pour les participants mais inconnue des « victimes » : les participants jouent donc à un jeu de société (ignoblement cynique et mondain) mais pas les « victimes » alors qu’elles participent à la partie sans le savoir. Connaître les règles (ou à minima leur existence) d’une activité ludique contribue donc à déterminer si on est en train de jouer à un « jeu de société » ou pas.
  • elles (les règles) ont pour objet de DÉSIGNER UN OU PLUSIEURS JOUEURS COMME GAGNANTS/PERDANTS DE LA PARTIE. Voici probablement le point qui soulève le plus d’évanouissements chez mes critiques.
    Visiblement pour trois raisons :
    • ça semble perturber beaucoup de gens d’imaginer qu’un jeu spécifique :  le jeu de rôles, pourrait ne pas être un « jeu de société » alors qu’ils le pensaient jusque là. Est-ce pour autant un argument qui invalide ce fondamental ? Visiblement non et je ne vous refais pas le drama de Copernic ni de Galilée pour argumenter.
    • « il n’est pas important de savoir qui perd/gagne dans un jeu de société » m’a-t-on dit en substance. Je ne le conteste pas, mais il ne faut pas confondre « caractéristique fondamentale d’un concept » et « conception relative d’individus sur la pratique d’un concept« . Il ne faut pas non plus confondre « formuler des conditions de victoire » et « faire de la victoire un enjeu prépondérant ».
      Ce n’est pas parce que les implications d’une caractéristique fondamentale nous incommodent que nous pouvons légitimement remettre en cause l’aspect fondamental de cette caractéristique. J’illustre avec un exemple : la définition fondamentale d’un chou de Bruxelles mentionne parmi ses caractéristiques fondamentales que c’est une plante. Que vous détestiez le goût des choux de Bruxelles, que vous vous foutiez des plantes ou que vous ayez déclaré la guerre aux plantes, l’appartenance à l’ensemble « plante » restera objectivement une caractéristique fondamentale du chou de Bruxelles et se retrouvera dans toutes ses « définitions » sérieuses.
    • « savoir quel joueur gagne/perd la partie », ça semble anecdotique et pas assez abstrait comme caractéristique fondamentale, bref, ça ne fait pas très sérieux.
      A ceux qui se basent sur cette idée pour remettre en cause ce fondamental, je ferai avant tout remarquer que la caractéristique fondamentale et unique qui définit le mot « Dentiscalpie » est le fait de « collectionner des cure dents« …
      J’espère que vous m’aurez compris : pas besoin de concerner le sens de la vie ou la lutte contre le cancer pour être un fondamental objectif et bien dans sa peau.

Pour bien comprendre le sens de ce que j’exprime quand je parle de « conditions de victoire », il faut commencer par faire les différences entre :

  • d’une part la notion de joueur gagnant et celle de personnage gagnant (le personnage n’ayant pas d’existence réelle pendant la partie mais une existence purement fictive). Et faire deux constats rapides :
    • les règles d’un jeu de société se préoccupent avant tout de dire comment un joueur peut gagner/perdre,
    • beaucoup de jeux de société ne ménage aucune place à la notion de personnage (le Scrabble, le Pictionnary, le Jungle Speed etc.)
  • d’autre part la différence entre “gagner une partie de jeu” et “voir son personnage triompher d’un obstacle / atteindre un but dans la fiction”. Pour reformuler en deux temps (1 & 2) :

1 – Les règles d’un jdr n’ont jamais vocation à déterminer quel(s) joueur(s) gagne/perd la partie de jdr, mais simplement à déterminer si un personnage peut vaincre un obstacle, une difficulté qui se dresse sur son chemin dans la fiction qui se joue et qui est décrite par la partie.
Même si c’est marrant de le chanter à 3:00h du matin après avoir terminé une campagne de jdr : aucun joueur ne gagne de partie de jdr au détriment d’un autre.

Et je soutiens que l’existence en jdr de personnage(s) « traitre(s) » qui ont pour but de contrer les personnages dans leurs objectifs ne constitue pas un argument valable pour invalider ce fondamental :

ce ne sont pas les règles du jdr qui imposent la présence d’un personnage « traitre » mais des variables du déroulement d’une partie,

la présence d’un personnage traitre dans des parties de jdr, même si elle est funky, n’est ni systématique, ni même régulière au sein de la majorité des parties jouées (sans quoi le ressort dramatique de la trahison perdrait rapidement tout intérêt).

Pour en revenir à mon propos : si vous tombez sur des règles de jeu qui prévoient quel(s) joueur(s) gagne/perd la partie, c’est que je le jeu en question n’est pas – en tout cas aujourd’hui – un jdr, il s’agit d’un autre type de jeu (narratif, de société etc.). Et l’intention de l’auteur de classer son jeu dans telle ou telle catégorie importe peu : soit les fondamentaux sont validés, soit ils ne le sont pas. Un auteur peut donc revendiquer avoir créé un jeu de société alors qu’il a créé un jdr et vice et versa. Qu’importe ?! Le genre d’un jeu n’a pas d’influence sur le plaisir qu’il procure et les auteurs de jeu peuvent proposer des jeux fantastiquement bons sans pour autant être très rigoureux pour les classer dans telle ou telle catégorie de jeu.

2 – Les règles d’un jeu de société au contraire expliquent toujours les conditions de victoire/défaite et donc quel(s) joueur(s) gagne/perd la partie de jeu de société (au détriment de ceux qui perdent, s’il y en a).

Enfin, je rappelle qu’il ne faut pas confondre “but du jeu” et “conditions de victoire”.
Vous constaterez que ma définition ne parle pas de « but du jeu« .
Ce qu’elle exprime c’est que tout ce qu’on appelle « jeu de société » propose des conditions de victoire à ses joueurs.

Ce n’est pas pour autant que gagner est le “but du jeu” (au sens de motivation à jouer à ce jeu) le plus stimulant pour ceux qui y jouent, je n’ai jamais pensé ça : on joue très souvent pour l’ambiance, le plaisir de se retrouver, pour souder un groupe, pour rire, pour faire tourner ses cellules grise à plein régime, pour boire un coup entre potes etc.
Donc dire que « gagner ce n’est pas très important », ça ne réfute pas les « conditions de victoires » comme fondamental de tous jeux de société.

 


4 – Ta définition est nulle pour expliquer aux néophytes du jeu de société ce que c’est

Je suis parfaitement d’accord et je le répète depuis le début de la FAQ : ce qui permet d’expliquer un concept aux néophytes ce n’est pas une définition fondamentale, c’est une présentation, une description.

 


5 – C’est impossible de définir la notion de jeu de société

C’est vrai que ça semble difficile d’arriver à un consensus partagé sur une même définition du jeu de société, surtout que tout le monde pense visiblement pouvoir identifier intuitivement ce qu’est un jeu de société et s’échauffe quand quelqu’un propose d’en rédiger le concept par écrit.c'est possible

D’autres cas nous montrent que ce n’est pas impossible de définir le jeu de société : Il existe d’autres activités qui s’expriment de manières trèèèès variées mais qui ont pourtant une définition.

Pensez au mot « jeu » et à toutes les formes de jeux qui existent, à tous les joueurs du monde et à leur pratique personnelle du jeu. Ça en fait de la variété !

Pourtant le  mot « jeu » a bien une définition (et même plusieurs, qui servent dans tel ou tel contexte sans qu’aucune ne soit fondamentalement mauvaise).
Dans ce cas, pourquoi le jeu de société qui ne compose qu’une partie des formes de jeu ne pourrait pas lui aussi avoir sa propre définition ?

Si tant de personnes affirment qu’il est impossible de définir le jeu de société, je me demande une nouvelle fois si ce qu’elles trouvent impossible, ce n’est finalement pas d’en accepter les conséquence logique : quand on a défini le jeu de société, on lui donne des limites au delà desquelles ce qu’on fait n’est plus du jeu de société ; des pratiques qui se retrouveront hors du champ de la définition. Et ça, ça en angoisse visiblement quelques uns.

Pourtant ce n’est pas grave ; on peut continuer à adorer le solitaire et à y jouer même après avoir accepté que ce n’était pas à proprement parlé un jeu de société (pas de vocation sociale puisque pensé pour y jouer exclusivement seul).

 


6 – Chacun a sa définition du jeu de société, en écrire une n’a pas de sens

Deux objections :

  1. Décrire ce qu’on fait n’est pas définir : Si je ne nie pas que chacun peut m’expliquer et me décrire en gros ce qu’il fait lorsqu’il joue à des jeux de société, je doute que chacun ait déjà fait l’exercice rigoureux de définition fondamentale du jeu de société. C’est en tout cas ce que j’ai constaté dans mes recherches. La majorité des sois-disant « définitions » du jeu de société que j’ai trouvé ou qu’on m’a proposait ressemblaient en gros à « c’est un jeu que tu fais avec tes potes autour d’une table, il y a du matos comme des dés, un plateau et des pions et franchement on rigole bien ». Ce qui en réalité ne correspond qu’à une vision personnelle d’une personne basée sur sa pratique subjective du jeu de société. Si je validais cette présentation comme étant une « définition », alors le Twister, le jeu de mikado joué sur le sol ou le jeu du loup garou joué en plein air s’en écarterai au point qu’on pourrait se demander si ce sont bien des jeux de société, ce qu’ils sont pourtant.
  2. Conséquence de l’affirmation : sur une approche différente, lorsqu’on m’objecte que : « Chacun a sa définition du jeu de société », c’est une manière de sous-entendre que chacun a sa propre « Chacun a sa définition (fondamentale) du jeu de société » et que d’une manière ou d’une autre elles ne sont pas conciliables avec ma proposition.
    Pour être inconciliables, ces différentes définitions doivent donc chacune se baser sur une liste de caractéristiques fondamentales différente de la mienne (sans quoi il s’agirait juste d’un problème de formulation qu’on peut aisément identifier).
    Là dessus j’ai deux constats/questions :

1 – s’il existe tant de liste de fondamentaux différentes de la mienne, comment se fait-il qu’internet n’en garde pas de trace que j’ai pu identifier ?
2 – s’il y a tant de personnes qui se sont essayés à formuler une définition fondamentale du jeu de société, comment se fait-il que je passe les 3/4 de mon temps sur le sujet à expliquer en quoi consiste une définition fondamentale et à devoir me justifier sur mes intentions ?

Et si on fait le job jusqu’au bout en imaginant : ok, chacun a bien sa propre définition (fondamentale) du jeu de société qui entre potentiellement en conflit avec les autres. Eh bien qu’est-ce que cela impliquerait ?

–  Que les discussions autour du jeu de société se transforment peu à peu en sables mouvants ou en guerre de tranchés (puisque après tout, chacun se retrancherait derrière SA définition au lieu de s’entendre avec son interlocuteur pour communiquer en utilisant une définition partagée),

– que le concept de jeu de société serait menacé de disparition (puisque la crainte de froisser l’autre en lui avouant notre définition, potentiellement conflictuelle nous inciterait à ne plus évoquer le sujet pour ne pas risquer de querelle). Et là je parle du concept, pas des boîtes de jeu qui n’ont pas besoin de concept pour continuer à très bien se vendre.

– ou bien qu’il devienne une sorte de concept-mou, à géométrie variable et fourre-tout (puisque la crainte de froisser l’autre en évoquant notre propre définition nous inciterait à ne jamais critiquer les définitions que les autres osent présenter publiquement mais à une moue gênée qui s’efforce de rester tolérante. Il en résulterait une cohabitation de définitions sans rigueur, sans force de conviction, sans légitimité ; bref un beau trip mondain pour hypocrites) .

Je pense au contraire que proposer publiquement une définition a un sens et une légitimité si on attache plus d’importance à la vérité qu’à son petit nombril et à son petit confort (qui s’accommode assez bien d’hypocrisie si ça lui permet de bouffer gratis ou de rester plus longtemps).

Je pense qu’on a déjà fait assez de pas dans la pratique des concepts-moux (qui veulent tout dire et son contraire, selon les besoins du moment), c’est aussi pourquoi il me semble d’actualité de remettre du sens dans la discussion.

 


7 – C’est impossible de pondre une définition du jdr qui plaise à tout le monde

ThugLifeEntièrement d’accord. Heureusement je n’ai absolument pas le projet de plaire à qui que ce soit. Le but premier d’une définition, ce n’est pas de plaire à tout le monde, ni d’être/rendre populaire ; le but d’une définition c’est d’être un outil solide et efficace.
Formuler une définition c’est un peu comme faire un diagnostique : on observe, on réfléchit, on formule des faits et on décrit une situation qui pourra ensuite resservir à d’autres malades/chercheurs/docteurs etc. Si ce que révèle le diagnostique déplaît, ce n’est pas la faute du diagnostique ou de la personne qui le formule mais du contexte. « On ne fait pas baisser la température du malade en cassant le thermomètre« .

Peu importe donc que ça plaise à tout le monde, l’essentiel pour c’est que ceux qui veulent se servir de cette définition ne tombent pas sur un outil rouillé, avec un mode d’emploi écrit en Gamoréen et monté à l’envers.

Après il reste le cas des gens qui aiment se faire remarquer en faisant les malins, en discutant un infime point de détail sans rien apporter de constructif (ergotage) ou bien qui attaquent un sujet parce qu’il n’aboutit pas eeeeeexactement à la vision très personnelle (et peut être fausse) qu’ils avaient du sujet. Comme le ridicule ne tue plus, je souhaite tout de même la bienvenue à ces ergoteurs : les commentaires restent ouverts en bas de page pour entamer une discussion.

 


8 – Pour définir le jeu de société, il faudrait écrire une bibliothèque

Commençons par redonner la définition du verbe « définir » selon le dictionnaire académique français :

Et dans la foulée voici la définition du mot caractère :

Ce qui est clair et précis s’énonce généralement en peu de mots et ne s’encombre pas ce qui est superficiel.

Une bonne définition du jeu de société (« bonne » au sens de « rigoureuse ») devra donc être relativement courte et débarrassée de tout ce qui est superficiel ou trop spécifique.

Les caractères d’une chose, ce ne sont que les choses essentielles de cette chose, celles qui permettent d’identifier.
Faire la liste des caractéristiques fondamentales du jeu de société, ce n’est pas faire la liste de TOUTES les particularités de TOUTES les pratiques et de TOUTES les exceptions aux pratiques, c’est au contraire ne parler que des traits qu’on retrouve à chaque fois, dans tous les jeux de société.

Bien sûr il n’est pas évident de définir une chose dont on ne connaît pas encore les limites (faute de définition), mais c’est une difficulté qui revient systématiquement dans l’exercice de définition et pour laquelle il faut trancher, faute de quoi on pourrait rapidement réduire l’ensemble des mots de toutes les langues du monde à l’expression « bidule » dont la définition serait : « bidule ».
Soit la définition convainc le lecteur par sa justesse et il peut l’utiliser quand c’est nécessaire, soit elle ne convainc pas et on en cherche/propose une autre.

Pensez aux caractéristiques fondamentales des choses et concepts qui vous entourent : ils sont souvent peu nombreux.
Pour le jeu de société, j’en ai trouvé 4 (cf. le début de l’article). Ca ne nécessite pas forcément de longues écritures pour formuler une définition en partant de ces quatre caractéristiques, si on réfléchit bien au sens, à l’emplacement, et la ponctuation des mots qui servent pour la définition.

 


9 – Définir le jeu de société ça ne sert à personne

Je pense au contraire que ça peut servir, mais pas à tout le monde ni dans toutes les circonstances :

A qui ça sert :

– aux curieux,
– à ceux qui veulent réfléchir sur les concepts,
– à ceux qui veulent se positionner par rapport à la pratique du jeu de société,
– aux universitaires,
– à ceux qui ont besoin de classer (vendeurs de magasins ludiques, organisateurs de conventions ludiques, éditeurs de bases de données, chercheurs etc.),
– à ceux qui aiment s’exprimer avec des termes dont ils comprennent le sens avec précision,

A qui ça ne sert pas :

– aux gens en train de jouer à un jeu de société,
– aux gens qui veulent faire découvrir ce que c’est que le jeu de société à quelqu’un qui ignore ce que c’est,
– aux gens qui ne sont pas particulièrement curieux des concepts.

 


10 – Définir le jeu de société ça ne sert à rien

Pas d’accord :

A quoi ça sert :

1 – A réfléchir, à inventer

Une définition, c’est comme un pense bête pour se souvenir des caractéristiques fondamentales d’une chose. C’est particulièrement utile lorsqu’on souhaite réfléchir à cette chose pour la faire progresser, la confronter à d’autres concepts, la classer, la comparer etc.
Ca peut aussi servir à faire prendre conscience à des gens qu’ils ont inventé une nouvelle catégorie de jeu et à travailler le sujet. Si ce qu’il font ne correspond fondamentalement ni à la définition du jdr, ni à celle du jeu de société, à eux de formuler quelle sorte de jeu ils sont en train de développer ; c’est visiblement ce qui s’est produit avec les « jeux narratifs« .

2 – A distinguer entre ce qui est du jeu de société de ce qui n’est pas du jeu de sociétéentrepas

En lisant une définition et en la comprenant, on peut déduire ce qui « entre » dans la définition et ce qui n’y « entre pas ».

Par exemple :

la natation, se définit comme « un sport de déplacements actifs au sein ou à la surface de l’eau, sans appui sur le fond ».

Si j’observe un homme en train de tomber d’un pont qui surplombe une rivière ; en lisant la définition, je peux savoir qu’il n’est pas en train de faire de la natation (pas encore en tout cas 😈 ).

Par contre lorsque j’observe une femme en train de faire la brasse dans une compétition sportive, la définition de la natation s’applique bien.

C’est la même chose pour les jeux de société. Lorsqu’on en a une définition, on peut alors se mettre d’accord pour dire que tel chose est du jeu de société et que telle autre chose n’en est pas. Et le faire n’a pas de connotation morale, on n’est pas en train de juger les joueurs, les auteurs de jeux ou les jeux concernés, on donne juste un nom à ce qu’ils font. Ca peut être utile pour communiquer, catégoriser, trier, référencer etc.

A quoi ça ne sert toujours pas :

– A faire décrire clairement une partie de jeu de société à quelqu’un qui ignore ce que c’est,
– A interdire certaines pratiques dans le jeu de société, à punir certaines communautés en les excluant du monde ludique,
– A frimer en soirée mousse, à faire repousser les cheveux (dommage)


11 – Définir le jeu de société c’est cruel car ça « exclue » des gens/des pratiques de la communauté

« Exclure » est un terme assez connoté moralement, mais effectivement ; des gens peuvent se retrouver orphelins du jeu de société lorsqu’ils pratiquent quelque chose qui n’en est fondamentalement pas. Mais ce n’est pas dramatique, expliquons pourquoi :

Avant de pondre une définition, on sonne en général le rappel pour que tous ceux qui se sentent concernés puissent venir mettre leur grain de sel dans la discussion qui précède la définition. C’est une étape importante.

C’est à ce moment qu’on essaie de faire la liste de toutes les pratiques qui se revendiquent comme du jeu de société et qui semblent communément admises par la communauté comme étant du jeu de société.

pasidee(oui, vous trouverez toujours au moins un original pour vous soutenir que lorsqu’il fait des croquis de nuages le soir seul sur son balcon, si ! si ! Il fait bien du jeu de société. En général on écartera poliment sa proposition pour ne pas arriver à une définition si vague qu’elle n’a plus de sens. On ne définit pas les choses en étant animé par l’envie de faire plaisir aux copains, on définit les choses en étant animé par une recherche de pertinence et de vérité. En plus, si on y incluait systématiquement toutes les pratiques qui se revendiquent comme du jeu de société on arriverait rapidement à une définition de type : « jeu de société : loisir social. » Pas très évocateur…)

En respectant cette étape de recensement et de discussion collective, on est à peu près sûr qu’on ne négligera aucune pratique qu’on souhaite voir « entrer » dans notre définition. Autrement dit; on se fixera comme objectif pour les étapes suivantes de formuler une définition qui puisse s’appliquer à toutes les pratiques qu’on a identifié (pour la définition que je propose, je me suis basée sur les jeux de société recensés sur le site Tric Trac, mais je précise bien : avant qu’ils n’y incluent les jdr. Pourquoi Tric trac ? Avant tout pour des question de légitimité puisque visiblement un très grand nombre de joueurs de jeux de société semblent fréquenter ce site en raison de la qualité de sa base de données).

Donc, si on a bien fait le travail de recensement, une définition du jeux de société ne devrait normalement pas « exclure » des pratiques reconnues et acceptées comme du jeux de société à une époque donnée.

Déduction de ce qui précède :

une définition ne vaut généralement que pour un temps donné (après quoi les pratiques reconnues comme du jeux de société risquent d’évoluer, de ne plus correspondre à l’ancienne définition, il faudra donc faire évoluer l’ancienne voire carrément en formuler une nouvelle),

une définition ne vaut que pour un groupe donné : celui qui se reconnaît dans la définition.

Voila aussi pourquoi ce n’est pas grave de ne pas systématiquement inclure tout ce qui s’auto-revendique « jeux de société » dans une définition rigoureuse du jeu de société :

1 – parce qu’une définition n’a pas vocation à porter un jugement de valeur. Que votre pratique « entre » ou « n’entre pas » dans la définition proposée, ça ne définit en rien sa qualité, sa valeur.

Les gens dont les pratiques n’entrent pas dans la définition sont simplement invités à prendre conscience que ce qu’ils font est suffisamment différent de ce qu’on fait en jouant à des jeux de société pour ne pas être considéré comme du jeu de société à proprement parler.
C’est sûrement un bon signe pour leur faire réaliser qu’il est temps pour eux de réfléchir à la définition de ce qu’ils font.
ex : l’airsoft, les jeux vidéos, les jeux dits « narratifs », les jeux de plein air etc.

2 – parce que chacun est libre de proposer une définition du jeux de société dans laquelle rentreront ses pratiques. Ca ne veut pas dire que sa proposition sera nécessairement juste et bien accueillie, mais en tout cas rien ne le censure.

En plus l’existence de plusieurs définitions rigoureuses, correspondant aux points de vue/sensibilités de plusieurs personnes est souvent bénéfique pour la réflexion.

 


12 – Une bonne définition du jeu de société DOIT faire du jdr un jeu de société à part entière

Ou comment mettre la charrue avant les bœufs. Personnellement je refuse ce postulat pour des questions de rigueur. Pourtant je ne nie pas qu’on puisse arriver à la même conclusion en faisant l’exercice dans le bon sens… Ca n’a pas été le cas en l’espèce. Je m’explique :

Définir le jeu de société ça suppose de respecter plusieurs étapes de travail :

 

  1. le brainstorm des pratiques :
    tout commence par une évocation mentale de tout ce qui peut raisonnablement « rentrer » dans le concept qu’on cherche à définir. Lors de cette étape, il faut non seulement s’intéresser à ce qu’on pense mais aussi à ce que les autres disent. J’ai donc pensé aux jeux de société que je connaissais puis je suis allé me rafraîchir les idées sur le site de Tric Trac et j’ai essayé de réfléchir aux articles que j’avais déjà lu sur le sujet.
     A cette étape, j’ai donc spontanément pris le parti d’intégrer le jdr dans la catégorie jeu de société, de même que le jeu du solitaire, le Rubik’s cube et le jeu « Il était une fois ». Ca me semblait probable que le jdr soit un jeu de société et je savais qu’il n’était  pas important de me tromper à ce stade de l’exercice puisque le trie se ferait naturellement à l’étape 3.
  2. L’identification de caractéristiques qui peuvent être fondamentales :
    on réfléchit aux jeux qu’on a identifié à l’étape 1 et on établit la liste des éléments qui nous semble revenir pour chaque jeu de la liste, ou en tout cas ce qui revient dans quasiment tous les cas. C’est long et on revient parfois en arrière. Ces « constantes » ont de bonnes chances de devenir des « caractéristiques fondamentales » à l’étape 3.
    A titre d’exemple, dans ma liste il y avait les quatre caractéristiques que j’ai finalement conservé mais aussi : la place systématique du hasard, l’existence d’un matériel de jeu, le fait que ça ne soit pas sportif, le fait qu’on joue en intérieur, et le fait que ça soit populaire (ces 5 derniers éléments n’étaient finalement pas des « caractéristiques fondamentales » comme j’allais m’en rendre compte à l’étape 3.
  3. L’épreuve Jeff :
    Je n’entre pas dans les détails du nom de cette étape, mais disons qu’elle consiste à reprendre chaque caractéristique fondamentale une par une et à la confronter mentalement à tous les jeux qui pourraient remettre en cause sa pertinence.Ce test débouche sur trois cas de figure :
    – soit le fondamental est validé par les jeux qu’on connaît sans exception ou cas litigieux et on le valide d’entrée,
    – soit le fondamental est invalidé (les jeux qui le remettent en question sont si nombreux ou si évidemment représentatifs et typiques du jeu de société qu’ils remettent en cause sa pertinence),
    – soit le fondamental rencontre un ou plusieurs jeux qui remettent sa pertinence en cause mais leur nombre ou leur représentativité ou leur aspect typique ne sont pas assez prononcé pour invalider le fondamental. Dans ce cas on valide le fondamental. En revanche les jeux qui ne partagent pas le fondamental sont écartés de la catégorie. C’est précisément ce qui m’est arrivé avec les jdr (voir ci-après).
  4. Le texte de la définition : On bosse sur une formulation de la définition qui va mentionner en termes clairs, concis et synthétiques l’ensemble des fondamentaux qu’on a retenu en vérifiant bien que la formule ne contienne pas de double-sens, d’ambiguïté, d’erreur de ponctuation ou des considérations superflues.

Avec le jdr, voici ce qui s’est produit : j’en était à l’étape 3 de ma définition en train de faire passer l’ « épreuve Jeff » à ma caractéristique potentiellement fondamentale : les règles désignent un ou plusieurs joueurs comme gagnants/perdants de la partie.
Alors que jusque là ce fondamental ne rencontrait aucune résistance sérieuse de la part des jeux que je passais mentalement en revue, j’en arrive au cas des jdr.
Damned ! Les règles des jdr ne désignent jamais de joueurs comme gagnant/perdant de la partie, c’est bien connu, accepté et rabâché.
Est-ce que mon fondamental est mauvais ou bien est-ce les jdr qui ne sont pas des « jeux de société » ?

Je n’étais pas convaincu que le fondamental était en cause dans la mesure ou des milliers de jeux prévoyaient effectivement tous dans leurs règles de jeu des conditions de victoire/échec pour les joueurs.

Si les jdr sont très nombreux, on ne peut pas dire qu’un jdr est un jeu particulièrement représentatif de ce que sont les jeux de société : à côté du poker, du Monopoly ou du jeu de dame, le jdr fait un peu office d’extra-terrestre.
Le jdr n’est pas non plus particulièrement typique de ce que sont les jeux de société : demandez à un passant d’une grande ville de citer un jeu de société typique et dites moi si vous en trouvez un seul qui vous répond « le jeu de rôle ».

En appliquant ma méthode à l’étape 3 j’ai donc recalé le jdr pour cette raison : puisque ses règles ne désignent pas un ou plusieurs joueurs comme gagnants/perdants de la partie, le jdr n’est donc pas un jeu de société. cqfd.

Au final, même en dépassant la stricte application d’une méthode, je reste convaincu que ma proposition a du sens : il existe bien une différence fondamentale entre jeux de société et jeux de rôles. Elle se décèle dans la présence/absence de conditions de victoire/échec des joueurs mais elle tient du rapport à la compétition :

Le jeu de société incite les participants à l’émulation individuelle et à la démarcation individuelle à travers la compétition et le classement.

Le jeu de rôles incite les participants à l’émulation collective et au renforcement de ce collectif face à des épreuves communes.

Rajoutez de la compétition systématique entre joueurs dans le jdr et vous le dénaturez au point d’en faire autre chose. Gommez toute idée de classement et de compétition entre joueurs au jeu de société et vous ferez de même.

 


13 – Définir le jeu de société, c’est se prendre la tête, moi je préfère jouer

Très bien ! On se retrouve à la table de jeu tout à l’heure.

Dans un premier temps, j’ai envie de demander pourquoi opposer le fait de définir avec le fait de jouer ?
On peut sans problème concilier les deux activités :

– en terme de temps disponible (on joue les weekend, on définit la semaine, en soirée). Le temps a consacrer à définir une chose est limité, ça ne suppose pas un effort régulier, ça laisse d’autant plus de temps pour jouer,

– mais aussi en terme d’intérêt ou de facultés.
Ce ne sont probablement pas des académiciens néophytes du jeu de société qui sont les plus qualifiés pour le définir correctement mais bien ceux qui y jouent. Les joueurs de jeux de société sont les mieux placés pour définir leur loisir.

Dans un second temps, personne n’oblige qui que ce soit à s’intéresser au sujet, à travailler dessus, à adhérer à une dShifu du jdrdéfinition et encore moins à en connaître une par cœur. Jouez autant que vous voudrez, mais respectez ceux qui aiment bien se creuser les méninges sur des choses qui gravitent autour du jeu.
Travailler sur une définition du jeu de société, c’est d’ailleurs assez ludique : une sorte de casse-tête et d’enquête sur le , la ponctuation et le sens.

Une fois terminée, la définition est comme un outil, on la dépose à un endroit où elle attendra sagement que quelqu’un en ai besoin. Elle ne demande pas d’attention, pas de croquettes, pas de Pledge Kickstarter…

A titre personnel, je joue à des jeux de plateau régulièrement, en famille, entre amis ou avec de parfaits inconnus, je joue en convention, parfois dans des clubs. Je ne suis donc pas devenu un vieux sage austère avec une barbiche de maître Shifu dans sa tour d’ivoire. Définir n’empêche donc pas de jouer et ne condamne pas à devenir chiant (quoique…).


14 – Je ne suis pas d’accord avec ta définition

Les critiques sont justement les réactions les plus attendues par les inventeur d’une définition. C’est un peu l’épreuve du feu, le moment excitant où on éprouve la solidité de ce qu’on a fait.
A l’inverse, lorsque l’intuition d’avoir produit un truc bancal commence à nous hanter, je pense qu’on va plutôt avoir tendance à l’enfermer dans une tour d’ivoire ou a chercher le réconfort de ses potes/fanboys ou carrément à graver vite-fait ce qu’on a fait dans un lieu intouchable, hors de portée des critiques qu’on se gardera bien d’écouter, de digérer, de prendre en compte. Ici les commentaires sont TOUS publiés (sauf les spam et dès que j’en remarque un en attente de validation – si c’est votre première intervention sur le site)

Je vous invite donc naturellement à venir débattre de cette définition dans les commentaires.

J’invite juste les critiques à relire le paragraphe intitulé « Critiques » en dessous de la définition.

 


15 – Ta définition n’est pas pertinente, car elle ne tient pas compte du « Comité pour l’exploration des Mystère »

Pour les curieux, le « Comité pour l’exploration des Mystère » est un jeu d’Eric J. Boyd. On me l’a cité en me le présentant comme un « jeu de rôles » où les règles déterminaient le/les joueurs qui gagnaient la partie.

J’ai déjà écrit sur le sujet sur Facebook, et je ne vous inflige pas ma lecture sur ces développements. Mon principal problème avec ce jeu, c’est que je n’en ai pas d’exemplaire sous la main. Je ne peux donc pas développer d’arguments basés sur ma propre lecture.

Mais voici ce que je peux en dire sur la base des articles, kit de démo et vidéos qui le concernent :
Comité pour l'exploration des mystère - jeu narratif

  • Plusieurs articles au sujet de ce jeu le présentent comme un jdr
  • un article du site « réussite critique » le place dans la catégorie des « jeux à boire » en expliquant quelque peu ce choix.
  • L’auteur (?) décrit lui-même (?) ce jeu comme un « jeu narratif » sur sa page Ulule. La même page distingue alterne entre distinction et identification au jdr sans qu’il soit clairement possible de trancher la conception du rédacteur.
    C’est également la mention de « jeu narratif » qu’on retrouve sur la couverture du livre (cliquez sur son illustration ci-contre pour vérifier vous-même).
  • Le site 500 nuances de Geek parle alternativement de jeu narratif, de rôle et de jeu à boire, on n’est pas plus avancé.

Ça se complexifie davantage puisqu’il existe manifestement plusieurs manières différentes de jouer à ce jeu. Je ne développe pas plus faute de l’avoir intégralement lu.

Parallèlement à ça, je vous rappelle que si on veut être rigoureux, il ne faut pas s’en tenir aux intentions/suppositions de l’auteur pour savoir dans quelle catégorie placer son travail (oui, je sais le retour du réel risque d’en décevoir plus d’un, j’ai des noms ^^).

Je me suis un peu intéressé aux « jeux narratifs », et à bien y regarder, même si leur classement est encore complexe compte tenu de leur faible nombre. Je les classeraient comme « jeux de société » hybrides : ils valident les caractéristiques fondamentales des jeux de société tout en étant extrêmement ressemblant aux jeux de rôles. Par contre, ils buttent sur un fondamental propre au jdr : la démarche COLLECTIVE du jdr. Les jeux narratifs induisent visiblement une notion de compétition revendiquée (joueurs gagnants/perdants) ou implicite (système de points permettant un classement des joueurs en douce).

Pour revenir à la question de base : le classement du « Comité pour l’exploration des Mystère » est effectivement difficile à faire de manière tranchée. Pour ma part, je ne considère pas que cette difficulté non résolue invalide les définitions du jdr et du jeu de société telles que je les ai proposées.

 


16 – Moi je préfère la définition de Wikipédia/Larousse/Robert/Pr. Rollin/Jawad…

La popularité d’une définition n’est pas un enjeu sérieux, seul son exactitude et sa pertinence semblent importantes. Si vous dénichez une définition qui vous semble plus exacte que la mienne, c’est une bonne chose, venez la référencer dans les commentaires ci-après si vous êtes bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une présentation du jeu de société.

Au passage, et au risque de paraître pédant ; j’en ai déjà lu beaucoup (j’écris cet article en mars 2017) et aucune d’entre elle ne m’a donné satisfaction en termes de rigueur. Bien sûr je suis prêt à en débattre ou à m’enthousiasmer si vous me présenter une définition à la fois fondamentale et rigoureuse qui m’avait échappé.


17 –  je connais un jeu de plateau dont les règles ne prévoient pas de conditions de victoire, ta définition n’est donc pas bonne

Dans ce cas je me permet de poser plusieurs questions :

  1. Es-tu bien sûr que les règles du jeu en question ne mentionnent aucune conditions de victoire/défaite de la partie pour les joueurs ? On m’a déjà fait cette remarque pour Heroquest qui -parait-il- ne mentionnait aucune condition de victoire. Une rapide vérification dans les règles officielle a démontré le contraire.
    A cette occasion, je rappelle qu’il est parfaitement possible de s’inspirer d’un jeu de société pour pratiquer tout autre chose : on peut imaginer faire du jeu de rôles basé sur le matériel de jeu du Monopoly ou de Heroquest. Le truc, c’est d’admettre qu’à ce moment on ne joue plus stricto-sensu au Monopoly ou bien à Heroquest, mais à autre chose, on a détourné ces jeux de société de leur vocation initiale (et ce n’est pas un jugement moral que de le préciser).
  2. As-tu vérifié la question précédente en regardant dans tout le matériel de jeu ? Parfois les conditions de victoire ne sont pas directement présentées dans le recueil de règles mais sur des cartes ou sur le plateau de jeu etc.
  3. Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une étourderie de l’auteur/éditeur ? Vérification à faire sur les forums dédiés au jeu ou dans sa FAQ/Errata officiel.
  4. Tout bêtement, es-tu bien sûr d’avoir affaire à un jeu de société ? D’autres pratiques ludiques très voisines peuvent ressembler à ce qu’on fait quand on joue à un jeu de société (le jdr, les jeux narratifs, les jeux de plein air, les jeux à boire, les reconstitutions historiques miniatures, le modélisme etc.)
  5. Si à ce stade, si ton constat ne trouve pas d’explication, viens nous le présenter dans les commentaires.

 


18 – Je passais juste pour dire que le jdr est bien un jeu de société puisque les joueurs gagnent des combats, des trésors, des scénarios et des PEEEEEEEX !

Je t’invite à relire la FAQ sur la différence entre « gagner une partie de jeu de société » et « vaincre un obstacle avec son personnage » (au point 3). Pour reprendre les passages concernés :

1 – Les règles d’un jdr n’ont jamais vocation à déterminer quel(s) joueur(s) gagne/perd la partie de jdr, mais simplement à déterminer si un personnage peut vaincre un obstacle, une difficulté qui se dresse sur son chemin dans la fiction qui se joue et qui est décrite par la partie.

gagner le jdrMême si c’est marrant de le chanter à 3:00h du matin après avoir terminé une campagne de jdr : aucun joueur ne gagne de partie de jdr au détriment d’un autre.

2 – Les règles d’un jeu de société au contraire expliquent toujours les conditions de victoire/défaite et donc quel(s) joueur(s) gagne/perd la partie de jeu de société (au détriment/avantage de ceux qui perdent, s’il y en a).

Ensuite dans l’expression « gagner des PEX » n’implique pas que le joueur dont le personnage a gagné le plus de PEX a gagné la partie de jdr au détriment des autres joueurs. Le verbe « gagner » est ici utilisé dans son sens de recevoir, d’obtenir une rétribution.
En passant, tu remarqueras d’ailleurs que ça n’a aucun sens d’attribuer des PEX à l’issue d’une partie de jdr one-shot : si l’attribution des PEX jouait un rôle fondamental en jdr, les choses se passeraient différemment.

 


19 – Et les jeux de société collaboratifs alors ?

jeux collaboratifsJe tiens d’abord à vous faire remarquer qu’aucun des fondamentaux que j’ai mentionné n’exclue la possibilité d’une collaboration entre joueurs dans un jeu de société. on peut donc imaginer des jeux de société où la collaboration est possible, encouragée voire imposée. Il ne faut donc pas opposer « collaboration » et victoire.

Ce que dit ma définition c’est que les règles d’un jeu de société formulent les conditions de victoire des joueurs.

Un jeu de société peut donc prévoir comment les joueurs remportent collectivement la partie, ce qui permet a contrario de déduire comment ils peuvent ne pas remplir ces conditions de victoire et donc perdre collectivement la partie.

Un jeu de société peut même faire plus fort : Comme Horreur à Arkham, ou Dead of Winter il peut non seulement prévoir des conditions de victoire/défaite collectives des joueurs MAIS AUSSI proposer des mécanismes de classement individuels pour déterminer au sein de la collaboration qui peut être estimé comme le/les meilleur(s) joueur(s) parmi les participants.

Bref : l’existence de jeux « collaboratifs » ne remet pas en cause la pertinence de ma définition

 


20 – De quel droit te permets-tu d’imposer aux autres ta définition du jeu de société ?

respect my authorityQue les choses soient claires, je ne cherche pas à imposer ma définition, je ne fais que fournir un travail et une proposition après avoir constaté que personne (dans mon champ de vision actuel) n’avait fait le job sérieusement.

Libre au lecteur de considérer que ma proposition a bien une valeur ou de la rejeter pour quelque motif, même abusif – peu m’importe.
Libre aussi au lecteur de formuler sa propre définition et/ou de venir discuter ici de ce qui lui semble obscure, incomplet etc. Je n’hésiterai pas à modifier mon travail si je rencontre des arguments pertinents – je l’ai déjà fait sur certains points d’ailleurs.

Une bonne définition n’est pas figée, elle évolue avec les réalités de son époque, je n’attache pas d’importance à ce que mon travail tienne deux semaines ou perdure 100 ans, la seule chose qui me motive c’est d’avoir formulé un truc juste et rigoureux à un moment donné, pas de freiner la course de l’histoire.

En revanche, si en plus de ne pas être d’accord avec mon travail vous souhaitez publiquement me jeter une petite crotte de nez au visage, alors soit, mais attendez vous à être reçu avec une virile argumentation car il y a un travail rigoureux derrière cette définition.

En résumé ma définition fondamentale du « jeu de société » est un outil à libre disposition pour ceux qui souhaitent s’en servir, pas plus pas moins.


21 – Quelle est ta légitimité pour proposer une définition du « jeu de société » ?

Avant tout, vous remarquerez qu’il n’existe pas d’organisme sérieux qui distribue des brevets de légitimité pour définir les mots sur internet. Je m’empare du sujet pour plusieurs raisons :

  • je suis légitime parce que je joue régulièrement à des jeux de société depuis mon enfance,
  • je suis légitime parce que j’ai un cerveau en état de marche avec un logiciel de mec curieux et critique : lorsque je lis et que j’entends que le « jdr est un jeu de société« , en tant que rôliste, il ne me semble pas anormal de ne pas immédiatement avaler le propos comme une vérité révélée mais de commencer par me demander ce qu’on définit comme « jeu de société« 
  • Legitje suis légitime parce que je me retrousse les manches : mes explorations pour dénicher une définition fondamentale du « jeu de société » ont jusque là toujours été décevantes : je suis tombé sur :
    – des tas de « présentations » ou affublées à tort de l’étiquette « définition« ,
    – des définition du mot « jeu » uniquement (comme si « jeu de société » était un synonyme parfait de « jeu »),
    – des gesticulations où l’on se rend compte après avoir lu/écouté que rien n’était formulé,
    – des constats d’échecs (en vérité je vous le dit, il est imposssssible de définir le « jeu de société » sinon votre tête explose)
    – du vide
    Là où on est persuadé qu’on va trouver une définition.
    Et oui, je parle notamment de Tric Trac.
    Surprise compréhensible puisque sauf erreur on ne parle que de jeu de société toute la journée mais – si j’ai bien tout vérifié – sans en proposer de définition.
    Je remarque tout de même que certains utilisateurs s’intéressent au sujet dans les forums (comme c’est le cas dans certains treads des forums Tric Trac).
    Je ne jette pas de pierre aux tenanciers de ces initiatives, ils ont d’autres préoccupations tout à fait légitimes, mais j’aimerai qu’ils aient l’honnêteté et l’humilité de reconnaître qu’il y a bien un flottement, un vide, un flou général autour de cette définition fondamentale. Bien qu’il ne soit pas resté jusqu’au bout de la discussion et qu’il rejette visiblement mes conclusions, l’intervention de M. Phal (le taulier de Tric Trac) m’a marqué par sa douceur et son intelligence, c’est un bon début.C’est aussi pour cette raison que je me sens légitime de faire un job qui n’était pas fait.

22 – Pourquoi tout compliquer ? Un « jeu de société » c’est juste « un jeu qu’on fait en société« .

Si les choses étaient si simples je serais le premier soulagé.

no-bec-de-lievre

Définir “jeu de société” en découpant les mots de l’expression (définir “jeu” puis définir “société“). Ca ne me semble pas valable car “jeu de société” doit être pris comme un mot composé.

L’expression intégrale porte un sens supplémentaire qu’on ne peut pas limiter à celui des mots qui la composent. Essayez de définir « grand père« , “Moyen Âge“, “boute-en-train“, “langue au chat”, “bras de fer” ou “bouc émissaire” de cette manière et vous comprendrez de quoi je parle.

La démonstration qui consisterait à dire :

  1. le jdr est un “jeu”
  2. le jdr se joue “en société
  3. cqfd : le jdr est donc un “jeu de société

ne tient pas plus la route selon les mêmes logiques.

Les choses sont dites, maintenant ‘hésitez pas à réagir dans les commentaires !

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(11 commentaires)

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    • faboo on 24 mai 2017 at 18 h 49 min

    En parlant des conditions de victoire, tu dis : « j’ai été surpris de DÉDUIRE ce fondamental ». Mais ce n’est pas une déduction (application de règles formelles à partir d’axiomes), c’est une INDUCTION, basée sur l’observation d’une multitude d’exemples confirmant la règle. Ça tient… jusqu’au jour où on découvre l’existence d’un mouton noir !

    Effectivement, sans conditions de victoire, tout un tas de trucs deviennent des jeux de société, comme le bizutage et autres. Mais ça ne veut pas dire que ce critère est le bon. On pourrait trouver un autre critère qui exclut le bizutage, mais qui permet de garder le pantomime et autres. Ex: « sans influence sur la vie personnelle/privée des participants », ou quelque chose dans le genre.

    Ce critère ne me satisfait pas, mais je n’en trouve pas d’autre ! 🙂 (en fait je n’en cherche pas)
    Selon ce critère, il suffirait d’ajouter/retirer une condition de victoire aux règles d’un JDR, pour que ce JDR passe dans la catégorie « jeu de société »/ »pas jeu de société ». Un paragraphe en plus dans la base et hop ! on change brutalement de catégorie sans avoir fondamentalement modifié l’objet : c’est ça qui me gène.

      • Steve F. on 31 mai 2017 at 11 h 49 min
        Author

      Bonjour Faboo,

      Si le critère que j’ai formulé n’est pas le bon, il reste à ma connaissance le seul formulé et efficient pour distinguer les jeux de sociétés d’autres pratiques. Si quelqu’un veut m’en proposer un qui soit intellectuellement satisfaisant, je n’hésiterai pas un seul instant à modifier la définition que je propose pour intégrer avec enthousiasme cette nouvelle proposition.

      Je ne peux pas le faire avec celle que tu proposes dans ton dernier message :
      « sans influence sur la vie personnelle/privée des participants”

      Car nous ne pouvons pas exclure des jeux de la catégorie « jeu de société » dès lors qu’ils sont susceptibles d’avoir une influence sur la vie des participants, ça me semble arbitraire et manquer de pertinence si l’on observe les pratiques (la pratique des échecs ou du jeu de Go semble avoir une influence notable sur la philosophie de certains de leurs participants : elles éveillent une dimension stratégique et tactique qui impactent la vie des pratiquants).

      Tu remarqueras au passage que ton critère disqualifierait le jdr tout aussi bien que la mienne. Le jdr semble avoir eu pas mal d’impact sur la vie de ses pratiquants (http://moiroliste.tumblr.com/), au point même que certains rôlistes s’y mettent en connaissance de cause : pour influencer leur vie (recherche d’une aisance, d’une affirmation de soi, sociabilisation etc.).

      En prenant ton critère sous un autre angle pour essayer de comprendre le sens que tu y mets, je me demande aussi s’il ne serait pas redondant (?). Il semble déjà intégré dans la définition du mot « jeu » : « une activité libre, séparée, incertaine, improductive, réglée et fictive”.

      Tu reconnais toi-même que le critère ne donne pas entière satisfaction, mais je ne suis pas en mesure d’en proposer un à ta place. Après examen de ceux qu’on m’a proposé (dont celui de « jouer en étant posé » ) et de ceux que j’avais en tête et que j’ai écarté spontanément, celui que je formule sur les conditions de victoire est le moins pire que j’ai pu trouver.

      Pourquoi est-tu gêné par le fait qu’en modifiant légèrement une définition, on peut changer radicalement la catégorie ? C’est le cas pour des tas d’autres définitions. Change-y un mot et tu te retrouves avec des catégories complètement différentes.

      De toute manière ce sont les limites qui changent, pas la nature de ce qu’elles délimitent.
      ex : Déplace les frontières de la France de 300km, tu ne va pas altérer les maisons, les forêts et les étangs qui se retrouvent d’un autre côté de la ligne.

      Fais sortir le jdr de la catégorie « jeux de société » pour le faire entrer dans la catégorie autonome « jeux de rôles » tu n’en modifieras pas une virgule (sauf sur les sites qui souhaitent proposer une définition rigoureuse du jeu de société, mais rassures-toi, je n’en ai pas trouvé beaucoup :-p ). En fait à peu près personne ne se rendra compte de rien si on formule/reformule une définition rigoureuse du jdr ou du jeu de société. Personne sauf les publics cités dans le point 9 de la FAQ.

      Et peux-tu enfin me dire aussi pourquoi ça semble si important pour toi de faire rentrer à tout prix le jdr la catégorie jeux de société ? Je ne comprends toujours pas.

        • faboo on 5 juin 2017 at 12 h 00 min

        Et peux-tu enfin me dire aussi pourquoi ça semble si important pour toi de faire rentrer à tout prix le jdr la catégorie jeux de société ? Je ne comprends toujours pas.

        Non, ce n’est pas important pour moi de le faire rentrer à tout prix dans les jeux de société. Comme tu le dis, c’est juste les limites qui changent, pas ce qu’il y a dedans.

        C’est toi en fait, dans un précédent article qui semblait ne pas apprécier que Wikipedia ait remplacé « activité ludique » par « jeu de société », concernant la définition du jeu de rôle. Et suite à cela, tu proposes une définition du jeu de société qui, comme par hasard, exclut le JDR ! J’ai eu l’impression que ta démarche était malhonnête, que tu fabriquais une définition sur mesure pour soutenir ton point de vue. Mon esprit de contradiction s’est alors mis en marche !

        Ce qui est dit sur Wikipedia est pourtant assez logique : le JDR papier appartient à la classe « jeux de rôle » (qui inclue aussi les simulations d’entretient d’embauche, les MMORPG, le GN et autres). Et en même temps c’est un jeu de société, parcequ’il se pratique à plusieurs personnes (et respecte tous les critères donnés par la définition du jeu de société donnée dans Wikipedia).

        Ils ont même l’honnêteté d’admettre qu’ « Il n’y a pas de définition satisfaisante ni universellement admise » du jeu de société, et donc ils en restent à une définition la plus générale possible. Toi au contraire, tu nous proposes d’amender cette définition en la rendant plus RESTRICTIVE, en faisant des conditions de victoire une nécessité pour être classé jeu de société, sous prétexte que sinon le speed-dating et le bizutage en seraient.

        Eh bien pourquoi pas ? Sur quoi te bases-tu pour dire que le speed-dating et le bizutage ne sont pas des jeux de société ? Je te retourne l’argument ! On voit donc bien l’arbitraire qui réside dans cette tentative de définition. Au final, tu te bases toi aussi sur des pré-conceptions dans ton argumentation. Pour éviter l’arbitraire, je pense qu’il vaut mieux user de définitions les plus générales possible, et ne pas ajouter de restrictions qui ne sont pas nécessaires.

        Moi ça ne me choque pas de classer le jdr papier dans les jeux de société (définition Wikipedia), parce que je conçois cette classe comme très large (pas uniquement comme le Monopoly et les petits chevaux). Le jdr papier est ainsi, selon la définition de Wikipedia, un jeu de société ET un jeu de rôle.

          • Steve F. on 7 juin 2017 at 12 h 03 min
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          On tourne en rond Faboo, et ton lapsus(?) sur l’  » esprit de contradiction » explique peut être un peu ce mouvement. l’ « esprit de contradiction » est une dérive malheureuse de l’ « esprit critique ».

          Déjà merci pour ta réponse : il n’est pas important que le jdr « rentre » à tout prix dans la définition du jeu de société. Nous sommes au moins d’accord sur ce point.

          Je vais reprendre synthétiquement encore une fois :

          Sur mes intentions :
          la malhonnêteté de ma démarche : je conteste, mais il est vain de vouloir convaincre les autres de ce qu’ils ressentent. Chacun appréciera s’il trouve ma démarche malhonnête.

          Si le lecteur veut penser que j’ai agi par égo (« ils ont osé toucher à ma définition, comment-osent-ils ?!! ») en allant jusqu’à proposer une définition foireuse pour me gargariser, alors soit, je le laisse assumer sa conviction. J’ai ma conscience pour moi et ce que j’ai écrit pour justification de ma bonne foi.

          J’ai expliqué les étapes de ma démarche dans cet article : https://ajdr.tentacules.net/reflexions/pourquoi-le-jdr-nest-pas-un-jeu-de-societe
          Ce qui a été moteur dans ma démarche c’était mon problème avec l’incohérence : comment peut-on affirmer qu’un concept « entre » dans un ensemble sans même définir cet ensemble : c’était illogique. D’ailleurs je n’ai pas rencontré de soutien affiché dans ce constat pourtant évident. Peu importe.

          Sur Wikipédia :
          Tu semble te satisfaire de la définition wikipédia :
          jeu de société = jeu qui se pratique à plusieurs personnes

          Par conséquent, tu ne devrai pas être choqué de reconnaitre que le football américain, les paris sportifs, la roulette russe, les tombolas de village, sont des « jeux de société » « wikipédia approved ». Pour cause : ce sont tous des « jeux » et ils se pratiquent tous à plusieurs personnes.

          Comme il te plaît, mais ce n’est absolument pas mon cas parce que je trouve qu’il y a quelque chose de fondamentalement différent entre ces activités d’une part et le tarot, les échecs ou le monopoly d’autre part.

          Je ne dis pas que l’article de wikipédia sur le jeu de société est malhonnête ou vide, j’en critique simplement la cohérence : comment peut-on décrire le jeu de société sans prendre le soin de commencer par en proposer une définition rigoureuse. C’est incohérent ou négligé.

          Si ça ne choque que moi pour de solides raisons, ce n’est pas grave que d’autres y soit indifférent ou s’en émeuvent pour des raisons discutables, j’exprime une critique, pas une flagornerie de mon lectorat.

          Lorsque Wikipédia dit « Il n’y a pas de définition satisfaisante ni universellement admise » et que tu applaudis leur « honnêteté », tu cautionne l’idée selon laquelle le « jeu de plateau » est bien indéfinissable à ce jour.

          Pour moi, c’est faux et une telle affirmation ne peut résulter que d’une forme de paresse intellectuelle, ou de molesse de caractère ou d’incompréhension fondamentale de ce qu’est une « définition » (faq points 5-11 et point 1). Je suis naturellement prêt à en débattre.

          Sur ta critique :
          En quoi restreindre une définition trop large serait une erreur ? Si je propose une définition du mot sable comme : « particules qui se déposent sur le sol », à qui pourrai-je reprocher de proposer une définition plus rigoureuse qui exclue les rognures d’ongles, la poussière et les dépôts végétaux ? C’est une question de logique, et restreindre ce n’est pas moralement connoté (faq point 11)

          Mes exemples sur le speed dating et le bizutage ne sont pas des prétextes, ils démontrent mon propos avec pertinence. Si tu soutiens le contraire, démontre en quoi ces exemples sont des prétextes.

          Ta question : est-ce que le bizutage est un jeu de société / speed dating est un jeu de société résume toute la problématique de l’article. Personne n’est en mesure de démontrer que le bizutage est ou n’est pas un jeu de société (ou un ruminant, ou un isotope, ou une fracture du ménisque etc.) SANS DEFINITION DE REFERENCE du jeu de société (ou du ruminant, de l’isotope etc.).

          La première chose à faire pour répondre à ta question est donc de nous mettre d’accord sur une définition fondamentale commune. Si tu conserve la tienne et moi la mienne, nous ne seront jamais d’accord et la conception de l’un sera toujours inexacte pour l’autre.
          Comme mes recherches ne m’ont renvoyé que des définitions bancales (cf article précédent), j’ai bien été obligé de réfléchir à celle que je proposait à mes interlocuteurs si je voulais continuer à discuter du sujet.

          Si nous adoptons ma proposition de définition comme commune, alors je peut sans peine te répondre :
          1 – le jeu de société suppose l’existence de RÈGLES DU JEU PRÉÉTABLIES qui ont pour objet de DÉSIGNER UN OU PLUSIEURS JOUEURS COMME GAGNANTS/PERDANTS DE LA PARTIE.

          2 – Est-ce que le speed dating ou le bizutage ont des RÈGLES DU JEU PRÉÉTABLIES qui ont pour objet de DÉSIGNER UN OU PLUSIEURS JOUEURS COMME GAGNANTS/PERDANTS DE LA PARTIE.
          –> NON

          3 – CQFD le speed dating et le bizutage ne sont pas des « jeux de société ».

          Si pour toi, le jeu de société est un jeu qui se pratique à plusieurs personnes, alors le speed dating et le bizutage seront bien des « jeux de société ». Ca ne me force pas à adopter ta définition car j’en juge les résultats discutables : lorsqu’on me tend un manche en bois pour planter 100 clous, je suis de ces gens détestable qui préfère refuser poliment pour aller me fabriquer un marteau.

          Sur l' »arbitraire » du « critère de victoire », voici ce que je te propose : Cite moi 50 jeux qu’on peut raisonnablement classer comme des jeux de société (avec du pur feeling, en n’espérant pas trop se planter; du genre échec, dames, aventuriers du rail etc.) ; par exemple sur Tric Trac.
          Ensuite indique moi combien d’entre eux pourraient être pratiqués, sans en dénaturer le principe, en supprimant les conditions de victoire/défaites.
          Trouves-tu encore que le principe fondamental que j’énonce est « arbitraire » ? (« Qui est produit par la seule décision de l’homme, sans fondement inhérent à la nature des choses »)

          En quoi une définition serait plus valable si elle était la « plus générales possible » : c’est une considération idéologique complètement étrangère à l’exercice de définition fondamentale à laquelle je m’oppose vivement car je la trouve dangereuse.
          Généraliser ce qui doit s’exprimer avec précision c’est peut-être un principe de propagande ou de dissimulation, mais ça n’a rien à faire dans un exercice de Logos.

          Généraliser un concept particulier, c’est détruire le sens des mots et des concepts et à terme l’intelligence.
          Céder à cette invitation idéologique prépare le règne des « concepts » moux, qu’on a tellement généralisé (raboté) qu’ils ne veulent plus rien dire et tout dire à la fois. Des exemples : les mots terrorisme, féminisme, haine, race, république, démocratie font partie des premières victimes.
          Des mots qui évoquent des sentiments si vifs que certains préfèrent brouiller leurs usages en espérant neutraliser les émotions et les débats qu’ils suscitent : autant casser le thermomètre pour faire baisser la température du malade.

          Pour éviter l’arbitraire, il faut le dénoncer et au besoin le démontrer. Penser qu’on le combat en s’attaquant à la définition des concepts polémiques est au mieux naïf, au pire dangereux.

          Sur ce point, et je l’affirme avec détermination : c’est sans moi.

            • faboo on 7 juin 2017 at 17 h 13 min

            Par conséquent, tu ne devrai pas être choqué de reconnaitre que le football américain, les paris sportifs, la roulette russe, les tombolas de village, sont des “jeux de société” “wikipédia approved”. Pour cause : ce sont tous des “jeux” et ils se pratiquent tous à plusieurs personnes.

            Si tu lis le paragraphe « Définition », il est bien précisé que « On exclut généralement de ces jeux les activités essentiellement physiques, qu’on appelle plus volontiers « sports » », donc le football américain, non.

            Si tu te réfères à la définition du jeu (elle aussi imprécise), tu y liras que « La plupart des individus qui s’y engagent n’en retirent que du plaisir ». Pour la roulette russe, on repassera !

            Pour la tombola de village, ca ne me dérange pas de l’inclure dans le jeux de société.

            En quoi restreindre une définition trop large serait une erreur ?
            Ce n’est pas une erreur en soi, on peut toujours rendre une définition plus précise bien sûr. Tout dépend quelle restriction on applique. En l’occurrence, restreindre la catégorie « jeux de société » aux jeux dont les règles désignent un gagnant/perdant est selon moi trop restrictif. Et tu vois bien que la plupart des gens qui ont commenté sur ton article font un blocage sur ce point. Il faudra donc trouver un meilleur critère si tu veux que ta définition soit acceptée par tous.

            Tes exemples sur le speed dating et le bizutage ne montrent qu’une chose : que la définition de Wikipedia est trop vague. Ton critère gagnant/perdant perdant est UN critère parmis d’autres possibles qui permet d’exclure speed dating et le bizutage. Il y en a sûrement plein d’autres.

            Cite moi 50 jeux qu’on peut raisonnablement classer comme des jeux de société…
            50 ca sera difficile c’est vrai, mais on t’en a déjà cité plusieurs.

            Ensuite indique moi combien d’entre eux pourraient être pratiqués, sans en dénaturer le principe, en supprimant les conditions de victoire/défaites.
            Eh bien justement, il y en a. Dans le cas des échecs, je suis d’accord que l’esprit du jeu serait dénaturé, puisque c’est un combat intellectuel, qui en plus symbolise la guerre : désigner un vainqueur est donc primordial. Mais beaucoup de jeux, dont les règles stipulent les conditions de victoire, ne sont joués que pour le jeu lui-même. Quand je joue à Dixit par exemple, l’essence du jeu n’est pas de savoir qui va marquer le plus de points, mais plutôt de s’amuser des interprétations faites par les autres joueurs. Il en va de même pour le pantomime : on arrête quand on en a assez 🙂

            Encore une fois, on parle de jeux, pas de mathématiques. Ta définition ne sera jamais formellement déduite à partir d’axiomes indémontrables, au pire ce sera le résultat d’une induction à partir de beaucoup d’exemples, ou faisant appel à du « feeling ». Ce n’est pas rigoureux, donc tu auras toujours des petits malins qui te donneront des contre-exemples. Tant que tout le monde ne sera pas d’accord avec toi, tu ne pourras pas imposer ta définition à tout le monde. Une définition n’a de valeur que si elle est communément admise.

            Tiens, pourquoi ne pas diviser la classe « jeu de société » en 2 sous-classes : « jeu de société avec conditions de victoire » et « jeu de société sans conditions de victoire » ?

    • Fukoo on 3 mai 2017 at 16 h 53 min

    Bonjour

    Je ne suis pas d’accord avec le fait que « désigner un ou des gagnants » soit une caractéristique fondamentale. Elle est certes présente souvent, mais pas toujours (exemple : Hanabi)
    Et elle n’est pas à garder en tête lors de la création d’un jeu de société (imaginons une version Jeu de société d’un SimCity ou d’un Minecraft, avec des règles de constructions, mais sans règles de condition de victoire)

      • Steve F. on 4 mai 2017 at 17 h 01 min
        Author

      Bonjour et merci pour ton commentaire.

      Pour commencer, je remarque après recherche que les règles du jeu Hanabi prévoient bien des conditions de victoire que je vais me permettre de citer (http://jeuxstrategie1.free.fr/jeu_hanabi/regle.pdf) :

      « Fin de partie
      Une partie d’Hanabi peut se finir de 3 façons :

      ● Si le troisième jeton rouge est placé dans le couvercle de la boîte, la partie
      prend fin immédiatement et elle est perdue
      .

      ● Si les artificiers sont parvenus à compléter les 5 feux d’artifice avant la fin
      de la pioche, le spectacle prend fin immédiatement et c’est une victoire
      éclatante
      . Les joueurs obtiennent alors le score maximal de 25 points.

      ● Si un artificier pioche la dernière carte de la pioche, la partie touche à sa
      fin : chaque joueur va jouer une dernière fois, celui qui a pioché la dernière
      carte compris. Durant ce dernier tour de jeu, les joueurs ne pourront pas
      piocher de cartes pour compléter leur main (la pioche étant vide), ignorez
      simplement cette phase.
      Une fois ce dernier tour de table accompli, la partie s’achève et les joueurs
      peuvent alors déterminer leur score. »

      Le troisième mode de victoire de ce jeu permet d’ailleurs de déterminer parmi les joueurs qui est le gagnant (calcul des scores personnels des joueurs).
      Hanabi ne constitue donc pas une exception qui invaliderait ma proposition de description, il s’agit bien « d’un jeu de société » au sens où je le définit.

      SimCity comporte bien des conditions de victoire et de défaite dans son mode de jeu à scénario.
      Minecraft en mode survie ne comporte que des conditions de victoire (Tuer le Dragon de l’Ender).

      Mais faute de vocation sociale, ces jeux ne sont déjà pas des jeux de société au sens où je les définit (3/4 fondamentaux validés).

      Si on leur retirait leurs conditions de victoire, il perdrait un autre fondamental des jeux de société et du coup ils seraient encore moins des jeux de société. (2/4 fondamentaux validés).

      Sur une analyse logique, je ne vois toujours pas de problème avec la rigueur de ma définition mais je reste ouvert à la discussion.

      Bonne soirée !

        • Fukoo on 5 mai 2017 at 9 h 44 min

        Apparemment, mon commentaire n’était pas clair.

        Déjà concernant Hanabi: tu as mal lu les règles. Il n’y a pas de score individuels, ni condition de victoire. Il y a une condition de défaite (c’est différent), et il y a une manière de marquer des points. Le but est de faire le plus de points possible, comme à d’autres jeux hypothétique dont le but serait de faire le plus beau village.
        Si vraiment tu veux un autre exemple concret, tu jetteras un œil à Space Alert. Mais pitié, ne t’arrête pas au détail ! Ce qui compte c’est le concept : essaye de faire abstraction et de travailler sur la théorie !

        Pour Simcity et Minecraft en mode jeux de société, à jouer autour d’une table avec des cubes en bois : en quoi il manquerait la dimension sociale ? Et en quoi ce ne serait pas des jeux de société ? (n’utilise pas ta proposition de définition, car justement ce sont des contre-exemples)

        Pour revenir sur la « condition de défaite » : l’inscrire comme caractéristique fondamentale est naïf. Toute activité ludique a des conditions de défaite intrinsèques (quand on a plus le temps, quand on ne s’amuse plus). Même le JdR d’ailleurs…

          • faboo on 13 mai 2017 at 12 h 01 min

          ….ainsi que des jeux comme « cadavre exquis », le jeu du « pantomime », ou le jeu ou on se colle un post-it sur le front avec un personnage à deviner. Tous ces jeux sont CLAIREMENT des jeux de société sans condition de victoire, auxquels on joue simplement pour s’amuser en société.

          Malheureusement, si on élargit les jeux de société aux jeux sans condition de victoire, tout le raisonnement de Steve s’écroule, et le jdr entre alors dans la catégorie « jeu de société » 🙂 . Et ca, il ne le veut pas !!!

          Et même EN ADMETTANT que tous les humains sur terre s’accordent sur une définition du jeu de société avec condition de victoire (après avoir debunké les 3 contre-examples que j’ai cités). Mais admettons. Ok. Donc le jdr n’est pas un jeu de société. Ok. Et alors ? C’est comme Pluton, on ne la considérait pas comme une planète jusqu’à récement, parce qu’elle ne remplissait pas certains critères. Les critères ont changé, donc maintenant Pluton est officiellement une planète. Super, nous voilà rassurés !

            • Steve F. on 24 mai 2017 at 16 h 40 min
              Author

            Faboo, ton commentaire est assez pédagogique, ne le prends pas mal mais il illustre la problématique de l’article :
            Définir c’est un peu élaborer une grille de classement, à la manière d’un tamis : les concepts qui valident tous les fondamentaux « entrent » dans la définition, les autres non.

            Mais lorsque tu écris :

            « des jeux comme “cadavre exquis”, le jeu du “pantomime”, ou le jeu ou on se colle un post-it sur le front avec un personnage à deviner. Tous ces jeux sont CLAIREMENT des jeux de société »

            Tu ne t’inscris précisément pas dans la rigueur de l’exercice de définition, tu ne fais que rattacher subjectivement un concept à une définition parce que ça te semble intuitivement approprié.
            Ca ne me pose pas de problème dans une discussion de tout les jours, mais ces affirmations ne sont pas rigoureuses dans le cadre de cet article.

            La définition propose à l’inverse une grille plus fine et plus explicite pour catégoriser les concepts. On y recourt lorsqu’on en a besoin, par exemple lorsque la justesse d’un classement est importante ou lorsqu’il est difficile de qualifier une pratique. Elle est autrement plus rigoureuse qu’un classement « alors à mon avis, personnellement je pense que… »

            Je n’ai pas proposé cette définition pour contraindre les gens à l’adopter, ça c’est du fétichisme. Au contraire, je l’ai proposé comme un outil disponible à n’utiliser que lorsqu’on en a besoin, dans un but pragmatique.

            Il ne m’intéresse pas de « définir » les choses par une démarche intuitive car ce n’est pas une approche sérieuse :
            Demande à 5 personnes prises au hasard de définir intuitivement les concepts aussi banals que la religion, la féminité, l’amour, le terrorisme ou la république et reviens me voir si tu obtiens deux définitions à la fois pertinentes et identiques.

            Au lieu d’affirmer que telle ou telle activité EST un jeu de société, parce que c’est EVIDENT (sous-entendu qui se passe de démonstration) la définition en tant qu’outil donne une grille sérieuse (notamment parce que contrairement à l’intuition ; la définition formalisée énonce les fondamentaux qu’elle a retenu de manière contradictoire).

            Le cadavre exquis est un exemple intéressant : Tu annonces sans aucune justification que le cadavre exquis est CLAIREMENT un jeu de société.
            Soit, admettons que dans ta conception ce soit effectivement le cas.
            Pour que je puisse comprendre les raisons pour lesquelles tu classes le cadavre exquis dans la catégorie « jeu de société », il me faudra te demander : « comment définis-tu le concept de ‘jeu de société’  » Jusque là, sauf erreur, tu n’as proposé aucune définition, j’attends donc de te lire.

            Je ne sais pas si nos définitions concorderaient mais j’ai bien compris que le fondamental : « LES REGLES DÉSIGNENT UN OU PLUSIEURS JOUEURS COMME GAGNANTS/PERDANTS DE LA PARTIE. » te posait problème. Je ne sais pas pourquoi exactement, j’aimerai bien savoir pourquoi ça semble te choquer au point de me troller affectueusement (on pourrait alors en discuter calmement) mais sache que moi aussi j’ai été surpris de déduire ce fondamental, je ne m’attendais pas à le garder dans ma checklist finale. Mais c’est un fait : une quantité écrasante de jeu ont des règles qui expliquent quel(s) joueur(s) gagne(nt) et/ou quel(s) joueur(s) perd(ent). Et dès qu’un jeu a des règles qui ne prévoient pas ça, on se rend compte par ailleurs que ce jeu a quelque chose qui le distingue réellement, fondamentalement des autres jeux. Le jeu en question n’est donc pas un jeu de société renié par la définition, c’est au contraire un jeu qui n’a jamais été un « jeu de société » stricto sensu, la définition ne fait que nous aider à prendre conscience d’une erreur dans laquelle nous croyions de bonne foi, mais il semble si dur de reconnaître ses erreurs à notre époque…

            Revenons au cadavre exquis : est-ce bien un « jeu de société » sous l’angle de ma définition ?

            Etape 1 : trouver les règles de ce jeu (fondamental N°3) -> Sur Wikipedia
            « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. »

            Etape 2 : Est-ce que ce jeu en est un (de jeu) ? -> oui, selon la définition de Roger Caillois : « une activité libre, séparée, incertaine, improductive, réglée et fictive »

            Etape 3 : Est-ce que ses règles sont préétablies ? Oui, il semble d’après le lien wikipedia disponible ci-dessus et le fait qu’on connaît à peu près tous ce jeu

            Etape 4 : Est-ce que les règles ont pour objet de désigner un ou plusieurs joueurs comme gagnant/perdants de la partie ? -> absolument pas ! Les règles n’abordent pas du tout ce point.
            Il n’y a pas de perdant ou gagnant au cadavre exquis donc, d’après la définition que je propose, ce jeu n’es pas à proprement parlé un « jeu de société ». D’ailleurs tu peux faire une recherche du mot « société » sur la page wikipédia en question, à ce jour il n’y en a aucune occurrence. Les rédacteurs décrivent le cadavre exquis comme un « jeu collectif ».

            Ca ne me choque pas d’entendre quelqu’un dire dans la vie de tout les jours que le cadavre exquis est un « jeu de société », en revanche, si une personne essayait de me démontrer rigoureusement que c’en est bien un, j’aurais des arguments contradictoires à faire valoir.

            Tu dois bien comprendre qu’il existe une raison valable pour laquelle il est important de conserver ce fondamental ; ce n’est pas pour faire le buzz, c’est parce que sa suppression feraient rentrer soudainement dans les jeux de sociétés des activités qui n’en sont manifestement pas; des « jeux à vocation social dont les règles sont préétablies mais qui ne se préoccupent pas de désigner un/des gagnant/perdant ». Et là je ne parle même pas de jdr mais par exemple d’épreuves de bizutage, de speed dating, du jeu du téléphone arabe etc.

            Tu ranges aussi de manière péremptoire (sans proposer de définition de référence) le jeu du pantomime ou celui du post-it en tant que jeux de société. Je ne serait pas aussi catégorique que toi.
            Déjà on peut remarquer qu’il est possible pratiquer ces jeux comme un jeu de société ou non. Mais ces jeux ne sont pas invariablement et nécessairement des jeux de société (par exemple si tu joues sans te préoccuper de savoir qui gagne/perd, le jeu restera très plaisant, mais tu n’auras pas joué à un jeu de société).

            Je répète ce que j’ai écrit à Fukoo plus haut :
            ce ne sont pas les noms des jeux ni les licences de jeu qui indiquent si le jeu qu’il désigne est un jeu de société ou pas. Ce sont les critères de leur pratique.

            Lorsque tu écris :
            « si on élargit les jeux de société aux jeux sans condition de victoire, tout le raisonnement de Steve s’écroule »
            Mon Faboo, tu écris une lapalissade : il est évident que si on modifie les fondamentaux d’une définition, on y fait rentrer n’importe quel concept. Un courant d’air froid et sifflant peut aussi surement devenir un légume ou un ordinateur quantique.

            Et pourquoi vas-tu imaginer que je n’ai pas envie que le jdr entre dans la catégorie jeu de société ? Je n’en ai rien à carrer de l’étiquette de classement du jdr : les étiquettes de classement ne sont pas méchantes ou gentilles. C’est notre appréciation des étiquettes qui révèlent en partie qui nous sommes.

            D’ailleurs en quoi cela serait-il souhaitable ou au contraire regrettable que le jdr devienne un jeu de société ? Pourquoi tant de monde s’en offusque ? Plus je lis ce genre de réactions, plus je commence à penser à une vague vexation de ceux qui se rendent compte qu’ils s’étaient longtemps trompé sans prendre le temps d’y réfléchir. Et alors ? Tout le monde peut se tromper, c’est la persévérance dans l’erreur qui est stupide.

            Quand à toi galopin de Troll, ton écuelle vide t’attends à la fin de ce commentaire 😀

            Sur la fin de ton commentaire qui concerne les évolutions des définitions au fil du temps, je ne vois pas ton argument. C’est évident qu’une bonne définition évolue avec son époque et je ne l’ai jamais contesté. Relis le point 11 de ma FAQ pour les détails.

            Patience et longueur de troll font plus que force ni que rageux :]B ]

          • Steve F. on 23 mai 2017 at 17 h 58 min
            Author

          Oui, tu as raison sur les règles de Hanabi, après relecture, je me rend compte qu’elles ne proposent pas de méthode de décomptes de scores individuels, mais d’un score commun. J’avais mal saisi.

          Mais mon erreur sur ce point de détail ne remet pas en cause le reste de mes propos.
          Relis ma définition (« jeu à vocation social dont les règles formulent les conditions de victoire des joueurs. ») ; je ne prétend pas que l’existence de scores individuels est un fondamental du jeu de société.
          Je t’invite à relire le point 19 de ma FAQ concernant les victoires collectives.

          Les règles de Hanabi formulent bien des conditions de victoire des joueurs, et je cite les passages correspondants :

          1 –

          Si le troisième jeton rouge est placé dans le couvercle de la boîte, la partie
          prend fin immédiatement et elle est perdue

          .

          2 –

          Si les artificiers sont parvenus à compléter les 5 feux d’artifice avant la fin
          de la pioche, le spectacle prend fin immédiatement et c’est une victoire
          éclatante.

          Quand au dernier passage qui invite à un décompte de score, on peut raisonnablement comprendre qu’un score de :
          – 5 ou moins correspond à un échec (partie perdue)
          – 6-10 à une victoire marginale
          – 11-15 à une victoire « honorable » etc.

          Il s’agit visiblement d’un oubli de l’auteur du jeu ou d’une maladresse de formulation puisque les deux premiers cas de figure expliquent eux clairement si les joueurs gagnent ou perdent la partie (pourquoi ne perdrait/gagnerait-on plus dans la troisième hypothèse).

          Il me semble marécageux de discuter des versions « jeu de société » de Sim city ou de Minecraft puisque ton hypothèse induisaient que ces jeux n’existaient pas. Faute de pouvoir étudier leur forme qui n’existe pour l’instant que dans ton esprit, je ne peux rien en dire de sérieux.

          Tu me demandes : n’utilise pas ta proposition de définition, car justement ce sont des contre-exemples. Je ne comprends pas bien ce que tu exprimes, mais de toute façon comment voudrais-tu que je dises si ces jeux sont ou ne sont pas des jeux de société sans faire référence à une définition ? C’est illogique. Si tu as lu mon article, tu as du comprendre que l’idée de définir moi-même le jeu de société m’était venu justement parce qu’aucune autre proposition ne faisait convenablement le boulot.
          Ta demande reviens à me demander de donner la taille d’une brindille imaginaire sans me servir du mètre ruban que je viens de confectionner. J’ai pas les outils et de toute façon je ne suis pas passionné par l’épilation de demi poils de genoux de fourmis.

          Disons simplement que si une telle adaptation (Sim city, Minecraft) existe un jour, sur une analyse rigoureuse de ces jeux, on ne pourra pas dire avec certitude qu’ils répondent à la définition du jeu de société si cette définition n’existe pas.
          Et si on les compare à celle que je propose parce qu’elle est disponible, argumentée, contradictoire et qu’elle peut sembler valable à quelqu’un, alors chacun de ces jeux sera un jeu de société s’il :
          a une VOCATION SOCIALE…
          que ses RÈGLES DU JEU SONT PRÉÉTABLIES et…
          qu’elles ont pour objet de DÉSIGNER UN OU PLUSIEURS JOUEURS COMME GAGNANTS/PERDANTS DE LA PARTIE.

          Au passage je précise que ce ne sont pas les noms des jeux ni les licences de jeu qui indiquent si le jeu qu’il désigne est un jeu de société ou pas. Ce sont les critères de leur pratique.

          Je rappelle aussi que ma proposition est personnelle et que je n’entend contraindre personne à la trouver valable. Mes arguments et ma logique sont mes seuls outils de conviction, libre à chacun de se positionner ou non par rapport à mon travail. Je rappelle que je n’ai rien à gagner (sauf satisfaire mon goût pour la précision sémantique) dans cet exercice long et ingrat.

          Enfin sur la naïveté des « conditions de défaite », j’aimerai que tu t’expliques (si tu le souhaites) sur le choix de ce mot. Je n’ai pas écrit une tribune sur la moralité des jeux de société, j’ai proposé une définition.
          Ensuite, peu importe si toutes les activités ludiques, le krav maga, les procès pour vol de chatons, les championnats de pétanque ou la guérilla au Cameroun possèdent aussi des conditions de défaite. Ca ne concerne pas le sujet qui m’intéresse ici ni n’en réduisent la rigueur de la définition que je propose.

          Est-ce que le rédacteur de la définition de la carotte est naïf parce que tous les légumes sont des végétaux ? Je ne vois vraiment pas le rapport.

          Oui, bien sûr que le jdr comporte des conditions de victoire (la question est de savoir lesquelles), mais ça n’en fait pas un jeu de société. Je rappelle pour d’autres lecteurs ce que tu feints visiblement d’ignorer : pour coïncider avec une définition, ce qu’on étudie doit en valider tous les fondamentaux.

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